Définir la procédure d’admission et de recueil du consentement
Summary
Loin d’être une simple formalité administrative, la procédure d’admission et de recueil du consentement est une étape cruciale pour la réussite de l’étude. Du fait de son impact sur la composition de l’échantillon, le taux d’admission/de consentement et le taux d’attrition, cette procédure peut avoir une incidence sur la puissance statistique, l’existence de biais et la validité de l’étude. Les procédures de recueil du consentement peuvent également influencer le comportement ou le moral des participants, des partenaires de mise en œuvre et du personnel clé de l’étude. Conscients que les chercheurs sont très sollicités au début d’une étude, nous avons créé ce guide pour souligner l’importance de bien réfléchir à la conception des procédures de consentement, en particulier dans les domaines où la Common Rule1 ne fournit pas de conseils ou de règles explicites.
Introduction
La structure de cette ressource suit l’ordre dans lequel nous vous recommandons de procéder pour concevoir votre procédure de recrutement et de recueil du consentement.
- La première étape consiste à identifier les activités qui requièrent le consentement des participants et à déterminer si l’on peut envisager de demander une dispense ou une modification de la procédure de consentement.
- Il faut ensuite identifier les personnes qui doivent donner leur consentement (ou leur assentiment) et déterminer ce qu’il faut prendre en compte pour les interventions dont l’impact s’étend au-delà des individus directement contactés ou randomisés.
- Il faut ensuite évaluer les procédures d’admission existantes.
- Munis de ces informations clés, les chercheurs doivent alors décider s’il vaut mieux recueillir le consentement avant ou après avoir informé les sujets de leur assignation au groupe de traitement ou au groupe témoin, en tenant compte des arbitrages entre la puissance statistique, les différentes sources de biais et la charge de travail du personnel.
- Le moment où a lieu le recueil du consentement par rapport à la notification de l’assignation de traitement peut avoir des conséquences sur le choix du personnel qui sera chargé de recueillir le consentement éclairé et sur la manière dont celui-ci sera formé au recueil du consentement et au recrutement des participants. Le personnel doit être formé à expliquer les risques et les avantages d’une intervention ou de la participation à une étude de façon à garantir la bonne compréhension des participants, à maximiser la participation et à minimiser l’attrition.
- Enfin, il faut définir le montant des indemnités qu’il convient de proposer aux participants potentiels pour les dédommager justement de leur participation sans pour autant tomber dans l’abus d’influence.
Quelles activités nécessitent le consentement des sujets ?
Le ministère américain de la santé et des services sociaux (HHS) propose des diagrammes d’aide à la prise de décision pour aider les chercheurs à déterminer si une activité doit faire l’objet d’un examen par l’IRB ou nécessite le recueil du consentement éclairé des participants. Sur la base des informations et des justifications fournies par l’équipe de recherche, c’est l’IRB qui décide en dernier ressort des exigences qui s’appliquent en matière de consentement éclairé.2
Il peut être nécessaire de recueillir le consentement des participants pour administrer un programme ou une procédure, pour collecter leurs données personnelles, ou les deux. Mettre en place une procédure de consentement unique pour les activités du programme et la collecte de données peut constituer un gain d’efficacité et permettre de minimiser certains types de biais (voir « Quand faut-il procéder à la randomisation et au recueil du consentement ? »).
Cependant, le fait qu’un individu sache s’il a été assigné au groupe de traitement ou au groupe témoin, ou qu’il soit informé du contenu de l’intervention ou de la recherche, risque d’influencer sa décision de consentir ou non à partager ses données. Le mise en place de deux procédures de consentement distinctes pour la collecte des données et pour le programme ou l’intervention peut réduire la menace de ce biais potentiel.3 Par ailleurs, dans le cas des interventions ou traitements qui seraient disponibles même en l’absence d’étude, les règles éthiques peuvent exiger que les participants aient la possibilité de refuser de consentir ou de retirer leur consentement à l’utilisation de leurs données sans pour autant perdre l’accès au traitement.
Consentement à l’intervention
Le consentement au programme ou à l’intervention peut être requis dans plusieurs cas de figure, notamment :
- Si les chercheurs participent à la conception ou à la mise en œuvre du programme ou des procédures.
- Si le programme ou l’intervention comporte un risque supérieur au risque minimal.4
- Dans les cas où le consentement à participer au programme ou à l’intervention aurait de toute manière été demandé, même en l’absence d’étude. Par exemple, de nombreuses interventions dans le domaine de la santé ou de la médecine recueillent systématiquement le consentement éclairé des patients. Dans ce cas, les chercheurs peuvent envisager d’intégrer le consentement à participer à la recherche à la procédure de consentement existante, en incluant l’utilisation des données.
Si le programme, la procédure ou l’intervention ne correspond à aucun de ces critères, il n’est peut-être pas nécessaire de recueillir le consentement des participants pour administrer le programme dans le cadre de l’étude. Selon la situation, les chercheurs peuvent travailler à l’élaboration d’une procédure de recueil du consentement avec leurs partenaires de recherche ou demander une dispense de consentement à l’IRB. Vous trouverez un exemple d’étude ayant bénéficié d’une dispense de consentement, ainsi qu’un autre exemple où le consentement a été intégré aux procédures existantes, dans les études de cas figurant dans cette ressource à la fin de la section « Évaluer les procédures existantes d’admission et de recueil du consentement ».
Consentement à l’utilisation des données d’identification personnelle5
Pour déterminer si les chercheurs doivent obtenir le consentement des sujets humains pour analyser les données les concernant et, si oui, selon quelles modalités, il faut savoir si des données d’identification personnelle seront collectées pour les besoins de l’étude, si ces données seront accessibles aux chercheurs, si le partage ou l’utilisation de ces données présente un risque supérieur au « risque minimal » pour le sujet et s’il est matériellement possible de recueillir le consentement de tous les participants.6
Vous trouverez le détail des exigences en matière de consentement éclairé dans la réglementation 45 CFR 46.116. En outre, la plupart des IRB fournissent des modèles de formulaires de consentement. Nous insistons ici sur les exigences en matière de consentement éclairé qui sont les plus pertinentes pour la collecte de données, ainsi que sur les conditions supplémentaires qui peuvent s’appliquer selon le type de collecte de données.
- Collecte de données primaires : Les enquêteurs doivent obtenir le consentement du participant au début de l’entretien ou de l’observation.
- Données administratives et autres données secondaires : Les chercheurs qui savent déjà quelles sources de données ils envisagent d’utiliser doivent vérifier les exigences de chaque fournisseur de données en matière de consentement.7 Si vous ne savez pas encore quelles sources vous allez utiliser, il est judicieux d’inclure dans le formulaire de consentement toutes les catégories, tous les types et toutes les sources de données spécifiques auxquels vous espérez accéder, afin d’éviter dans la mesure du possible de devoir recueillir une nouvelle fois le consentement des participants. Notons cependant que certains détenteurs de données s’opposent à ce que les formulaires de consentement contiennent des descriptions génériques des données collectées, et peuvent donc demander aux chercheurs de recueillir de nouveau le consentement de chaque individu avant de leur transmettre les données. Certains détenteurs de données exigent en outre un avis favorable de l’IRB ou une preuve écrite de la dispense de consentement avant de transmettre les données, y compris des données désidentifiées, et ce même si ce type d’approbation n’est pas exigé par ailleurs.
- Données secondaires désidentifiées : Les recherches qui n’utilisent que des données secondaires déjà accessibles au public et/ou désidentifiées sont dispensées d’examen éthique continu par l’IRB (45 CFR 46.104(d)(4)(i)-(ii)) et ne requièrent ni consentement ni dispense. Dans le cas d’une étude qui nécessite par ailleurs un examen par l’IRB, mais pour laquelle les chercheurs n’ont accès qu’à des données secondaires désidentifiées, ces derniers peuvent demander une dispense de consentement éclairé. Les détenteurs de données peuvent exiger un avis favorable de l’IRB ou une preuve écrite de la dispense de consentement avant de transmettre les données, même si ce type d’approbation n’est pas nécessaire par ailleurs.
- Données de santé aux États-Unis : Les chercheurs peuvent également avoir besoin d’une autorisation individuelle ou d’une dispense d’autorisation, conformément aux exigences de la loi HIPAA.
- Réutilisation future des données : La Common Rule révisée, entrée en vigueur en janvier 2019, introduit la possibilité de solliciter le consentement anticipé des sujets de la recherche pour des études futures encore indéterminées, en vue de l’utilisation de leurs données à des fins de recherche secondaire. Ce principe de consentement général est décrit en détail dans la réglementation 45 CFR 46.116, et votre Institutional Review Board pourra éventuellement vous fournir des informations complémentaires à ce sujet.
Dispenses ou modifications de la procédure de consentement
Un IRB peut autoriser la modification d’une ou plusieurs composantes spécifiques de la procédure de consentement éclairé et de sa documentation, ou peut lever entièrement ces exigences, sur la base des conditions identifiées aux points 46.116(e-f) et 46.117 de la Common Rule. Pour obtenir une dispense ou une autorisation de modification, les chercheurs doivent faire une demande auprès de l’IRB, en la justifiant sur la base des exigences de la Common Rule.
Les chercheurs peuvent notamment demander une dispense ou une modification de la procédure de consentement pour tenir compte de facteurs contextuels spécifiques si cela permet de protéger les populations concernées par l’étude. Parmi ces facteurs, on peut notamment citer les cas suivants : lorsque la documentation du consentement éclairé constitue le seul lien entre l’individu et la recherche, lorsque le consentement écrit est inadapté en raison du faible taux d’alphabétisation, ou encore lorsque la signature d’un formulaire de consentement est en contradiction avec les normes culturelles, comme l’explique la règlementation 45 CFR 46.117. Dans Conducting Ethical Economic Research: Complications from the Field, les auteurs examinent plus en détail ces facteurs et quelques autres (Alderman, Das, et Rao 2016).
Dans d’autres cas, une dispense ou une modification de la procédure de consentement peut être nécessaire pour garantir la validité scientifique de l’étude. Par exemple, si une évaluation vise à déterminer quels types de personnes répondent à un courrier, mais que seuls les participants qui y répondent peuvent donner leur consentement, imposer une obligation de consentement reviendrait à biaiser les résultats. Ce cas peut ainsi correspondre au critère de l’article 46.116f3ii, selon lequel « la recherche ne pourrait pas être menée à bien sans la dispense ou la modification demandée ».
Vous trouverez en Annexe un exemple de texte utilisé pour demander une dispense de consentement éclairé
Qui doit donner son consentement ?
Comme indiqué dans la section précédente, les individus doivent donner leur consentement si les chercheurs prévoient d’utiliser leurs données personnelles et/ou s’ils sont amenés à recevoir un traitement ou une intervention, sauf si les chercheurs obtiennent une dispense de consentement éclairé. Dans cette section, nous examinons les cas particuliers pour lesquels des exigences supplémentaires en matière de consentement sont susceptibles de s’appliquer.
Enfants ou mineurs
Aux États-Unis, l’âge légal à partir duquel un individu peut donner son consentement à un traitement ou à une intervention varie selon l’État et la localité. Dans la plupart des cas, cet âge est fixé à 16 ou 18 ans, mais il peut varier en fonction du type de recherche ou de procédure. Si la recherche implique des mineurs, les chercheurs doivent obtenir l’autorisation des parents ou du tuteur légal ainsi que l’assentiment du mineur, c’est-à-dire son accord explicite pour participer à la recherche. La procédure de recueil de l’assentiment, notamment en ce qui concerne les informations à fournir, la nécessité ou non d’une documentation écrite, etc., doit être adaptée à l’âge et au stade de développement du mineur. Il est possible que l’IRB impose aux chercheurs de recueillir le consentement de toutes les personnes qui atteignent la majorité au cours de l’étude, en complément de leur assentiment initial.
Dans certains cas, comme les études portant sur la sexualité, la maltraitance ou la consommation de drogues, il est possible que la procédure de consentement parental ne protège pas les mineurs participant à l’étude, voire qu’elle les mette en danger. Dans ce type de situation, un IRB peut lever l’obligation de recueil du consentement parental.
La Common Rule et d’autres réglementations fédérales prévoient des protections supplémentaires pour les mineurs en plus de l’obligation d’assentiment. Les conseils du ministère de la santé et des services sociaux à ce sujet sont disponibles ici et ici.
Au-delà de la population étudiée : les autres populations à prendre en compte
Certaines interventions ont des effets qui s’étendent au-delà de l’unité de randomisation ou d’analyse. Par exemple, une intervention peut affecter tous les individus au sein d’une grappe, ou avoir des effets de diffusion ou d’équilibre général. Les interventions conçues pour modifier le comportement d’individus ou d’organisations qui ont une influence sur un grand nombre de personnes, comme les prestataires de soins de santé, les politiciens, les juges, les électeurs ou les grands employeurs, sont susceptibles d’avoir un impact sur un nombre indéterminé, et potentiellement très important, d’autres individus. Dans ce cas, il n’est pas toujours faisable de recueillir le consentement de chaque personne susceptible d’être affectée. Il est notamment possible que les personnes concernées soient trop nombreuses pour être répertoriées, qu’il n’existe pas de liste des personnes potentiellement concernées, ou encore qu’il n’y ait aucune alternative crédible au fait de recevoir ou d’être affecté par l’intervention.
La Common Rule ne fournit pas d’indications claires pour ce type de cas de figure. Si certains IRB ont une certaine expérience de la recherche en sciences sociales et seront donc en mesure de donner des conseils ou des instructions aux équipes de recherche qui relèvent de leur compétence, bon nombre de chercheurs doivent se charger eux-mêmes de déterminer qui doit donner son consentement, ou s’il est justifié d’un point de vue éthique d’administrer une intervention sans le consentement plein et entier de toutes les personnes susceptibles d’être affectées.8
Lorsqu’il est impossible de recueillir le consentement de toutes les personnes concernées, l’une des options consiste à collaborer avec des représentants qui connaissent bien la communauté locale ou en sont issus, et qui pourront vous fournir des conseils sur le contexte, les préférences et les normes locales. Par exemple, dans une étude en milieu hospitalier, ces représentants peuvent être les membres de la commission médicale ou du comité d’éthique de l’hôpital, ou les chefs de service. Dans le cas d’une étude en milieu scolaire, il peut s’agir de membres de l’association des parents d’élèves ou du directeur de l’école. Avec l’aide de ces représentants et l’autorisation du ou des IRB compétents, vous ne serez peut-être pas obligé de recueillir le consentement de tous les sujets concernés par l’intervention.
Évaluer les procédures d’admission existantes
Si l’évaluation porte sur un programme existant, il est possible que celui-ci dispose déjà de procédures de recrutement, d’admission et/ou de recueil du consentement. Une connaissance approfondie des procédures d’admission existantes peut permettre d’éclairer la prise de décisions concernant la conception de l’étude, qu’il s’agisse de la procédure de consentement, des possibilités d’assignation aléatoire ou encore des variantes du traitement. Intégrer la procédure de consentement éclairé et l’assignation aléatoire aux processus déjà en place permet de mettre à profit l’expertise du partenaire et de limiter la charge globale qui pèse sur le personnel de l’étude et sur les participants.
Il arrive néanmoins que les protocoles en vigueur soient obsolètes, qu’ils ne reflètent pas les besoins ou les réalités du travail sur le terrain, ou qu’ils ne correspondent pas aux procédures réelles de recrutement et d’admission, qui peuvent varier considérablement d’un site à l’autre. Si c’est possible, il peut être utile d’échanger directement avec le personnel chargé du recrutement et de l’admission, ou d’observer la procédure d’admission. Le fait d’assister en personne à l’admission des participants au cours de l’étude peut aider l’équipe de recherche à identifier et à résoudre les problèmes, mais aussi à mieux comprendre le point de vue des partenaires.
Études de cas
Consentement éclairé requis à la fois pour la participation au programme et la collecte des données. Le Nurse-Family Partnership (NFP) est une organisation à but non lucratif qui propose aux femmes primipares dont les revenus sont modestes un accompagnement intensif sous forme de visites à domicile régulières afin d’améliorer l’issue de la grossesse, la santé et le développement de l’enfant et l’autosuffisance économique de la famille. Dans le cadre de la procédure d’inscription au programme, les infirmières donnent aux mères des informations sur le programme et leur demandent si elles consentent à y participer. Des chercheurs affiliés à J-PAL collaborent actuellement avec le NFP pour évaluer ce programme en Caroline du Sud. Plutôt que de créer une procédure distincte pour demander aux participantes d’autoriser l’accès à leurs données dans le cadre de l’évaluation, les chercheurs ont travaillé avec le NFP pour intégrer ce consentement à l’étude et la randomisation sur place avant le recueil du consentement au programme. Cette procédure unique était la plus facilement réalisable d’un point de vue logistique et permettait de garantir l’équilibre entre le groupe de traitement et le groupe témoin (en faisant en sorte que chaque groupe ait la même probabilité de consentir à participer au programme).
Dispense de consentement éclairé. Le Benefits Data Trust (BDT) s’adresse aux personnes qui sont susceptibles d’être éligibles à des prestations ou à des services, notamment les personnes âgées potentiellement éligibles au Supplemental Nutrition Assistance Program (SNAP), en leur envoyant des lettres d’information ciblées et en leur proposant une aide centrée sur la personne pour le dépôt de leurs demandes. Des chercheurs affiliés à J-PAL ont collaboré avec le BDT pour étudier l’impact de ses programmes sur le taux de participation au SNAP et analyser les différences entre les individus qui répondent aux courriers, demandent le SNAP et s’y inscrivent et celles qui ne répondent pas, ne demandent pas le SNAP et ne s’y inscrivent pas. L’équipe de recherche a demandé à l’IRB une dispense de consentement éclairé, qu’elle a obtenue. Cette dispense était nécessaire pour garantir la validité et la faisabilité de l’étude, car seules les personnes ayant répondu aux lettres d’information auraient eu la possibilité de donner ou non leur consentement, ce qui aurait empêché toute analyse comparative des personnes ayant répondu ou non. La dispense était justifiée parce que l’étude ne représentait qu’un risque minimal et parce que les chercheurs l’avaient conçue de façon à ne pas avoir accès aux données d’identification personnelle et à éviter toute interaction avec la population étudiée.
Intervention susceptible d’avoir un impact au-delà de l’unité de randomisation ou d’observation. Des chercheurs affiliés à J-PAL se sont associés à Aurora Health Care, un grand réseau d’établissements de santé du Wisconsin et de l’Illinois, pour étudier l’impact d’un outil d’aide à la prise de décision clinique sur le nombre et la pertinence clinique de certaines demandes d’imagerie médicale très coûteuse (principalement des IRM et des examens de tomodensitométrie). Tous les prestataires de santé ont été inclus dans l’échantillon de l'étude. Les prestataires de soins voyaient une fenêtre pop-up apparaître sur leur écran à chaque fois qu’ils signaient une demande d’imagerie si l’examen demandé répondait à certains critères. La fenêtre affichait d’autres examens de radiologie possibles présentant un score d’adéquation plus élevé. La variable d’intérêt principale était le nombre de demandes d’examens d’imagerie « ciblés » par médecin. L’IRB a levé l’obligation pour la plupart des composantes du consentement éclairé, mais les chercheurs étaient néanmoins tenus d’envoyer aux prestataires un e-mail les informant de l’étude et leur donnant la possibilité de refuser de participer. Ceux qui ont décidé de ne pas participer étaient tout de même tenus d’utiliser l’outil d’aide à la prise de décision, mais leurs données n’ont pas été utilisées dans le cadre de l’évaluation.
Comme l’intervention était conçue pour influencer le choix des examens prescrits par les médecins aux patients, l’IRB et l’équipe de recherche ont également pris en compte l’impact potentiel sur les patients individuels, même si ces derniers ne constituaient ni l’unité d’observation, ni l’unité de randomisation. L’IRB n’a pas pour autant demandé aux chercheurs d’obtenir le consentement éclairé des patients. Cette décision était justifiée par les éléments suivants : 1) il n’existait pas de liste préexistante de patients à recruter ; 2) il n’aurait pas été possible de recueillir le consentement des milliers de patients traités par Aurora Health Care au cours de l’année de l’étude ; et 3) comme les prestataires gardaient la possibilité d’ignorer l’outil d’aide à la prise de décision et de dispenser les soins qu’ils jugeaient nécessaires, l’étude ne présentait qu’un risque minime pour les patients
Quand faut-il procéder à la randomisation et au recueil du consentement ?
Il existe deux grandes approches concernant le moment du recueil du consentement : on peut le demander avant ou après avoir assigné aléatoirement les sujets au groupe de traitement ou au groupe témoin (ou les avoir informés de leur assignation). Il existe des variantes de ces stratégies selon que les sujets sont recrutés à partir d’une liste existante, au fil de l’eau, sur recommandation ou sur place.
Le recueil du consentement avant l’assignation aléatoire maximise la puissance statistique et peut minimiser le biais lié aux différences de non-participation entre les groupes. Cependant, le fait de demander le consentement après l’assignation aléatoire est susceptible de minimiser les problèmes éthiques ainsi que la charge de travail du personnel chargé du recrutement. Pour identifier le meilleur moment pour le recueil du consentement, l’équipe de recherche doit trouver un compromis entre les risques de biais, la puissance statistique, les questions éthiques et les contraintes imposées au personnel, tout en tenant compte de la faisabilité et des préférences des partenaires de mise en œuvre.
Le consentement avant la randomisation
Procédure : Les individus consentent à participer au programme, à l’évaluation et/ou à l’utilisation de leurs données personnelles à des fins de recherche. Une fois que l’individu a donné son consentement, le personnel chargé du recrutement l’informe du groupe auquel il a été affecté aléatoirement (groupe de traitement ou groupe témoin).
Raisons justifiant le recours à cette procédure :
- Biais : En recueillant le consentement de tous les sujets avant l’assignation aléatoire, on minimise le risque de biais lié aux personnes qui pourraient être davantage enclines à donner leur consentement si elles percevaient le fait de fournir leurs données comme une contrepartie au fait de recevoir le traitement. Bien que la procédure de recueil du consentement éclairé doive indiquer que les répondants ne perdent aucun droit en acceptant ou en refusant de participer, rien ne garantit que les personnes concernées seront convaincues de la véracité de cette affirmation. Les répondants peuvent craindre des répercussions de la part des chercheurs s’ils refusent de donner leur consentement, ou, à l’inverse, penser que les chercheurs seront plus enclins à leur accorder un traitement bénéfique s’ils consentent ou répondent d’une certaine manière (Alderman, Das et Rao 2016 ; Roberts 2002).
- Puissance statistique : En ne randomisant que les personnes qui acceptent de donner leur consentement, cette approche maximise le taux de participation effectif et, par conséquent, la puissance statistique par individu sollicité pour le recueil du consentement.9 Si le consentement est requis pour la participation au programme, mais pas pour l’utilisation des données, vous aurez peut-être la possibilité de ne recueillir le consentement que des personnes assignées au groupe de traitement (Zelen, 1979). Toutefois, le fait de donner son consentement n’étant ni universel, ni aléatoire, il serait impossible de constituer un groupe témoin de personnes ayant consenti au traitement, ce qui nécessiterait de recourir à une analyse en intention de traiter (ITT). Obtenir le consentement de tous les sujets potentiels avant l’assignation aléatoire permet de s’assurer d’avoir des groupes équilibrés en matière de disposition à consentir.
Problèmes :
- Éthique et biais : Le fait de savoir à quel groupe ils sont assignés et d’être au courant qu’il existe un traitement alternatif potentiellement bénéfique peut avoir un impact sur le point de vue ou le comportement des participants. Par exemple, savoir qu’il existe un programme médical susceptible de sauver des vies, puis s’en voir exclu, peut provoquer chez l’individu un niveau de stress suffisamment important pour que son état de santé se détériore. Ce type de comportement, connu sous le nom de « démoralisation rancunière », représente un défi éthique et une menace pour la validité interne de l’étude (il peut en effet donner lieu à des phénomènes d’attrition différentielle et de non-conformité, ou à une violation de la restriction d’exclusion si l’impact est corrélé avec les variables d’intérêt de l’évaluation).
- Contraintes pour le personnel : Cette stratégie est susceptible d’affecter le moral de l’équipe du programme ou des agents chargés du recrutement qui doivent informer les participants de leur affectation au groupe témoin. La viabilité à long terme de l’étude peut s’en trouver menacée si les membres du personnel ne respectent pas le protocole de l’étude, réduisent leurs efforts de recrutement, voire finissent par démissionner. Apporter un soutien au personnel et lui proposer régulièrement des formations de rappel sur l’importance de la recherche et de l’assignation aléatoire peut contribuer à limiter ce problème. Nous présentons plusieurs stratégies destinées à alléger la charge qui pèse sur le personnel dans la sous-section « Former et motiver l’équipe chargée du recrutement », qui figure à la fin de la section « Qui va procéder au recrutement ? ».
Le consentement après la randomisation
Procédure : Le personnel chargé du recrutement informe l’individu du groupe auquel il a été affecté aléatoirement (groupe de traitement ou groupe témoin). Les chercheurs sollicitent ensuite le consentement éclairé des individus qui composent l’échantillon d’étude. Dans une variante de cette stratégie, le personnel chargé du recrutement ne demande le consentement au traitement qu’aux personnes assignées au traitement, mais demande le consentement à l’utilisation des données à l’ensemble des sujets humains, qu’ils aient été assignés au groupe de traitement ou au groupe témoin.
Raisons justifiant l’utilisation de cette procédure :
- Éthique : Le fait de ne solliciter le consentement et de n’offrir l’accès au traitement ou au programme qu’aux personnes assignées au traitement peut contribuer à limiter les problèmes éthiques que représente le fait d’informer les personnes de leur assignation au groupe témoin. Cela permet de réduire la charge psychologique qui pèse sur les personnes assignées au groupe témoin, ainsi que sur le personnel de l’étude ou du programme.
- Charge de travail du personnel : Si seul le groupe de traitement doit donner son consentement (en supposant qu’on bénéficie d’une dispense de consentement pour l’utilisation des données), et selon le taux de consentement et de participation, cette stratégie permet de minimiser le nombre de personnes que le personnel de l’étude va devoir contacter pour le recueil du consentement.
Problèmes :
- Biais et puissance statistique : Si seul le groupe de traitement est sollicité pour consentir au programme, il n’y a aucun moyen de savoir quels membres du groupe témoin auraient consenti au programme s’ils avaient été assignés au traitement. Ce biais risque de donner lieu à une différence moyenne entre le groupe de traitement et le groupe témoin sans rapport avec l’assignation du traitement, ce qui constitue une violation de la restriction d’exclusion. Éliminer ce biais nécessiterait de recourir à une analyse en intention de traiter (ITT). L’effet minimum détectable pour un niveau de puissance donné est inversement proportionnel à la participation, mais proportionnel à la racine carrée de la taille de l’échantillon. De ce fait, cette stratégie risque d’obliger les chercheurs à recueillir le consentement et à traiter un nombre infiniment plus élevé de participants que si le recueil du consentement avait lieu avant la randomisation.10
- Biais et attrition différentielle : Le fait que les individus soient au courant de l’intervention ou qu’ils y participent peut influencer la probabilité qu’ils consentent à la collecte de leurs données, ce qui introduit un biais (McRae et al. 2011), en particulier si les individus sont conscients du lien entre l’intervention et la collecte de données. Par exemple, les personnes assignées à un traitement perçu comme bénéfique peuvent être plus enclines à répondre à l’enquête ou à fournir des données administratives. À l’inverse, les individus assignés à un groupe témoin peuvent refuser de répondre à l’enquête ou d’autoriser le chercheur à accéder à leurs données administratives s’ils ne sont pas satisfaits de leur affectation.
Qui va procéder au recrutement ?
Après avoir évalué les procédures d’admission en vigueur et déterminé à quel moment aura lieu le recueil du consentement par rapport à l’assignation aléatoire, les équipes de recherche doivent décider qui va se charger du processus de recrutement et d’inscription à l’étude. Deux options sont possibles : soit le personnel chargé du recrutement est embauché spécifiquement pour l’étude, soit cette responsabilité est confiée au personnel existant du programme.
Pour décider qui va se charger des inscriptions, il est essentiel de tenir compte du principe suivant : il faut éviter autant que possible que les participants perçoivent le programme ou l’intervention comme étant lié(e) à la collecte de données. En effet, les participants potentiels peuvent se sentir obligés de consentir à l’utilisation de leurs données personnelles s’ils pensent que cela leur permettra d’être mieux traités par le personnel du programme (même si les documents relatifs au consentement éclairé indiquent clairement que ce n’est pas le cas). Les participants qui donnent leur consentement dans de telles conditions sont plus susceptibles d’abandonner l'étude ou de révoquer leur consentement par la suite, une fois qu’ils ne ressentent plus la pression exercée par la présence du prestataire de service. En outre, les participants risquent de répondre différemment aux questions de la procédure d’admission ou de l’enquête s’ils font un lien entre l’entretien et l’accès à une intervention ou à des services.
Idéalement, les agents chargés du recrutement doivent avoir deux qualités :
- Avoir une expérience de travail auprès de la communauté qui constitue l’échantillon de l’étude, avec une sensibilité et des connaissances avérées dans ce domaine. De telles qualités facilitent la compréhension et la communication entre le personnel chargé du recrutement et les participants potentiels, ce qui peut rendre les participants plus réceptifs et les aider à mieux comprendre la procédure de consentement éclairé. Le personnel existant du partenaire de mise en œuvre peut avoir un niveau de formation et une connaissance de la communauté qu’il serait difficile de retrouver chez des agents de recrutement ou des assistants de recherche nouvellement embauchés. Ce personnel est également susceptible de mieux maîtriser la langue ou le dialecte local.
- Se distinguer des prestataires de services directs. Qu’il soit recruté séparément ou qu’il relève d’une autre « division » de l’organisme de mise en œuvre, faire appel à un personnel différent pour effectuer les inscriptions favorise la spécialisation des agents et le contrôle de la qualité des données de l’enquête initiale, tout en minimisant l’association entre le programme/l’intervention et la collecte des données. Faire appel à des agents distincts pour recruter les participants peut également réduire la charge que l’étude représente pour les prestataires de service directs. Pour favoriser le maintien en poste des agents chargés du recrutement, tâchez d’identifier des personnes intéressées et motivées par le travail de proximité et la prise de contact avec la communauté, qui acceptent de ne pas être directement impliqués dans le suivi des clients dans le cadre de l’intervention. Ces personnes peuvent avoir moins d’expérience en matière de mise en œuvre du programme et/ou être intéressées par la recherche.
Voici quelques suggestions supplémentaires pour la constitution d’une équipe en charge du recrutement et des inscriptions :
- Limiter les effectifs du personnel chargé du recrutement. Cela permet d’avoir moins de personnes à former tout en réduisant le risque de variations dans la procédure d’inscription. Si cette stratégie permet de limiter le nombre d’employés dont le moral risque d’être ébranlé à force d’informer les intéressés de leur affectation au groupe témoin, elle accroît la charge mentale des agents chargés du recrutement, puisque chacun d’eux sera amené à prendre en charge un plus grand nombre d’individus que si le recrutement était décentralisé.
- Demander aux prestataires de services de prendre en charge l’inscription des participants à l’étude et le recueil de leur consentement si des contraintes logistiques ou financières ne permettent pas de faire appel à des agents distincts. Il convient de noter qu’une telle solution renforce le lien entre le programme et la collecte de données. Si cela signifie que le recrutement doit être effectué de façon décentralisée, cela nécessite également de faire appel à un plus grand nombre d’agents de recrutement par rapport au scénario idéal. Toutefois, des contraintes financières ou logistiques, comme un processus de recrutement décentralisé ou une zone de recrutement géographique très étendue, peuvent nécessiter de faire appel aux prestataires de services. La responsabilité supplémentaire que représentent les inscriptions risque d’accroître la charge de travail du personnel de ces prestataires, et les équipes doivent donc envisager de modifier leurs attentes en conséquence. En ne consacrant qu’une partie de leur temps au recrutement, les membres du personnel risquent de développer moins de compétences spécialisées dans ce domaine ou de moins bien retenir les informations fournies lors des formations que les agents qui se consacrent essentiellement au recrutement. Pour faire face à ces problèmes, on peut faire appel à un spécialiste du soutien au recrutement et organiser des formations régulières de remise à niveau.
- Embaucher un spécialiste du soutien au recrutement. Si le personnel chargé du recrutement et des inscriptions ne fait pas directement partie de l’équipe de recherche, il est possible de faire appel à un spécialiste qui travaillera en collaboration avec les chercheurs et sera chargé de maintenir le contact avec le personnel sur le terrain. Ce spécialiste pourra fournir une assistance technique pour l’utilisation des outils technologiques, répondre aux questions sur les protocoles de l’étude, rappeler au personnel de terrain l’importance de la randomisation et de l’évaluation, et motiver les équipes de terrain et le personnel chargé du recrutement.
Former et motiver l’équipe chargée du recrutement et des inscriptions
Toute personne impliquée dans le recrutement et le recueil du consentement des participants doit être correctement formée aux procédures d’admission de l’étude (et, si nécessaire, à la conduite de l’enquête). Elle doit en outre bien connaître la communauté auprès de laquelle elle va être amenée à travailler, et faire preuve d’une sensibilité particulière à cet égard. Voici quelques mesures à prévoir :
- Former le personnel chargé du recrutement aux procédures d’admission de l’étude et de recueil du consentement éclairé. Cette formation sera également l’occasion de recueillir les commentaires du personnel de terrain et d’y répondre. Prévoyez du temps pour pouvoir modifier la procédure sur la base de ces commentaires avant le lancement officiel du projet. Vous pouvez, le cas échéant, combiner cette formation avec la formation consacrée à l’enquête.
- Former le personnel aux dangers que représente le fait d’exagérer ou de minimiser les mérites du programme, comme indiqué ci-dessous dans la section « Décrire les risques et les avantages. »
- Former le personnel chargé du recrutement aux mécanismes d’obtention du consentement, y compris les invites verbales, la vérification de la compréhension et l’utilisation des formulaires et outils technologiques associés.
- Former le personnel chargé du recrutement à l’importance de l’assignation aléatoire et le préparer à répondre aux inquiétudes éventuelles de la communauté ou des participants à ce propos. Le personnel chargé du recrutement est en première ligne pour mettre en œuvre l’assignation aléatoire et peut avoir à répondre à des questions difficiles concernant le fait de priver de traitement des personnes éligibles. Faire en sorte que les agents soient bien préparés à ces conversations, qu’ils comprennent leur rôle dans le respect du protocole de recherche et qu’ils soient convaincus du bien-fondé de la réalisation d’une évaluation aléatoire peut contribuer à la réussite de l’étude. La section « Ressources » située en bas de cette page contient des liens vers des ressources non techniques pour expliquer les évaluations aléatoires.
- Donner l’occasion au personnel de s’entraîner à exécuter les procédures d’inscription et de recueil du consentement. Cela lui permet de bien comprendre et de bien maîtriser le formulaire et la procédure.
- Organiser régulièrement des formations de rappel. Non seulement ces formations permettent de revoir le contenu de la formation initiale et de former les nouveaux membres du personnel, mais elles donnent aussi l’occasion à l’équipe de repérer les ajustements nécessaires et de recueillir régulièrement les commentaires du personnel chargé du recrutement.
- Observer la procédure d’inscription ou faire régulièrement le point à ce sujet. Si vous en avez la possibilité, observer ou suivre la procédure d’inscription peut vous permettre d’identifier les problèmes et de vérifier que les protocoles de recrutement sont bien respectés. Ce type d’observation contribue à la formation des nouveaux membres du personnel et aide l’équipe de recherche à mieux comprendre la procédure. Faire régulièrement le point peut aider les équipes à identifier et à résoudre les problèmes rencontrés dans le cadre du recrutement.
- Motiver le personnel chargé du recrutement. Afin d’éviter que des difficultés ne se transforment en crises, les chercheurs peuvent également prendre des mesures proactives pour soutenir le personnel, maintenir sa motivation et préserver son moral. Les agents chargés du recrutement passent parfois plusieurs heures par jour à interagir avec des personnes qui ont vécu des traumatismes ou d’autres expériences douloureuses. Il est donc possible qu’ils aient besoin de soutien, notamment sous forme de formations, de soins de santé mentale ou d’encouragements, pour rester motivés et investis lorsqu’ils travaillent dans un tel contexte. En outre, ils peuvent se sentir particulièrement démoralisés si le hasard fait qu’une longue série de personnes sont assignées au groupe témoin. Certaines études mettent en place un dispositif de suivi qui notifie l’équipe de recherche lorsqu’un agent de recrutement a eu une longue série d’affectations au groupe témoin (par exemple, trois ou plus). L’équipe envoie alors un message d’encouragement ou prend contact avec le recruteur.
Études de cas
Des agents de recrutement indépendants des prestataires de services. La Camden Coalition of Healthcare Providers s’est associée à des chercheurs affiliés à J-PAL pour effectuer une évaluation aléatoire d’un programme de gestion des soins destiné aux individus ayant des besoins médicaux et sociaux complexes. L’équipe chargée de l’étude a fait appel à des agents spécialisés dans le recrutement qui, bien que travaillant indépendamment des autres employés du programme, étaient attentifs aux inquiétudes de ces derniers concernant la participation à la recherche. Certains de ces agents ont été embauchés spécifiquement pour le recrutement, tandis que d’autres ont été transférés depuis d’autres postes au sein de la Coalition. Bien que la Coalition ait privilégié le recrutement d’agents issus de la communauté, elle a fait preuve de flexibilité sur ce critère afin de garantir la dotation en personnel pendant toute la durée de l’étude. Les agents de recrutement étaient chargés de contacter les participants potentiels pour leur décrire le programme et recueillir leur consentement avant l’assignation aléatoire. Or, certains patients faisaient preuve de méfiance à l’idée de participer à une étude de manière générale, et les patients comme les agents de recrutement étaient souvent démoralisés lorsque les patients étaient affectés au groupe témoin. Le fait d’avoir limité les effectifs à un petit nombre d’agents spécialisés dans le recrutement a permis aux chercheurs et à la Camden Coalition de fournir un soutien et un programme de formation spécialisés aux agents en question. Par exemple, la Coalition accorde une grande importance à la santé mentale et finance des séances de thérapie pour les membres de son personnel. Les agents se sont également apporté un soutien mutuel et ont défini un ensemble de bonnes pratiques, notamment des formulations permettant de présenter l’étude sans promettre l’accès à un service, des méthodes pour éviter tout abus d’influence et des solutions pour accompagner les patients déçus. Pour maintenir une bonne dynamique et préserver le moral tout au long de la période d’étude, l’équipe a célébré les grandes étapes de la campagne de recrutement avec un groupe plus important de membres du personnel de la Coalition, ce qui a permis de montrer que le recrutement faisait partie intégrante d’un objectif plus large de l’organisation.
Les prestataires de services ont procédé à l’inscription des participants avec l’aide d’un spécialiste du soutien au recrutement. Avant la mise en place de l’évaluation aléatoire, le programme Nurse-Family Partnership (NFP) appliquait une méthode décentralisée pour identifier les participantes potentielles. Les infirmières qui mettent en œuvre le programme sont spécialement formées pour travailler avec des femmes primipares aux revenus modestes issues des communautés locales. Le NFP et les partenaires locaux de mise en œuvre ont donc estimé que leurs infirmières étaient plus qualifiées pour travailler auprès de la population étudiée que des enquêteurs externes. Compte tenu de l’envergure de l’étude et du programme, ils ont également jugé qu’il n’était pas possible de modifier les modalités de recrutement pour passer à une procédure centralisée reposant sur des agents spécialement chargés du recrutement. La procédure de recueil du consentement éclairé pour la participation à l’étude a donc été intégrée à la procédure déjà existante de recrutement et de consentement au programme. Ce sont donc les infirmières du NFP qui réalisent l’enquête initiale, recueillent le consentement éclairé des participantes et procèdent à la randomisation sur place. Cette approche nécessite également un investissement considérable en termes de temps et de ressources de la part de l’équipe de recherche, puisque celle-ci organise chaque trimestre des formations en présentiel sur le recrutement et les activités sur le terrain à l’intention des infirmières et des infirmières en chef. L’équipe a également engagé un spécialiste du soutien au recrutement, qui assure une permanence téléphonique que les infirmières peuvent appeler pour bénéficier d’un soutien psychologique et technique, coordonne les formations en présentiel et en ligne pour les nouvelles infirmières, envoie des encouragements aux infirmières et surveille en temps réel le respect du protocole de l’évaluation.
Modification de la procédure d’admission sur la base des remarques du personnel chargé du recrutement. L’Office of Supportive Housing du comté de Santa Clara, HomeFirst et des chercheurs affiliés à J-PAL se sont associés pour procéder à l’évaluation aléatoire d’un dispositif de relogement rapide pour les personnes sans domicile. L’étude prévoit de recruter des sujets d’étude sur une période de trois ans, les individus étant assignés aléatoirement au groupe de traitement ou au groupe témoin au moment de leur admission. Initialement, les chercheurs avaient mis en place une procédure reposant sur des tirages aléatoires indépendants, de façon à ce que le nombre de personnes assignées au groupe de traitement et au groupe témoin finisse par s’équilibrer approximativement sur une longue période de temps et un grand nombre d’agents de recrutement. Dans la pratique, certains de ces agents ont constaté la présence de longues séries d’assignations au groupe témoin (ou au groupe de traitement). Compte tenu de la charge mentale que représente le fait d’informer un individu de son affectation au groupe témoin, l’équipe de recherche a alors revu la procédure de randomisation de façon à ce que l’assignation s’équilibre sur de plus petits lots d’individus pour chaque agent d’admission, réduisant ainsi la longueur potentielle des séries d’affectations au groupe témoin ou au groupe de traitement.
Décrire les risques et les avantages
Les sujets qui doivent être abordés lors du recueil du consentement éclairé sont très encadrés par la Common Rule, qui insiste particulièrement sur le fait que les informations doivent être présentées de manière à faciliter la compréhension.11 Cependant, des variations mineures dans les formulations utilisées pour aborder ces sujets peuvent avoir une incidence sur la compréhension des participants, sur leur disposition à donner leur consentement et sur le respect de l’assignation du traitement. Veiller à ce que les participants comprennent pleinement ce qui leur est dit – et donc s’assurer que leur consentement est véritablement éclairé – est bien plus facile à dire qu’à faire et dépend fortement du contexte. Ainsi, dans un contexte médical, une étude a démontré que de nombreux patients ne comprenaient pas les principaux éléments du consentement éclairé, notamment la randomisation, le consentement et les procédures concernées (Behrendt et al., 2011). Une analyse plus détaillée des facteurs qui influencent la compréhension et le consentement figure dans l’article « Informed Consent and the Capacity for Voluntarism » (Roberts 2002). Le fait de piloter le formulaire et la procédure de recueil du consentement, d’une part, et de consulter des personnes qui connaissent bien la population étudiée, d’autre part, peut aider les chercheurs à déterminer dans quelle mesure les sujets sont susceptibles de comprendre toutes les informations dont ils ont besoin pour donner un consentement véritablement éclairé, et à estimer le taux d’acceptation.
Outre ce problème de compréhension, les agents chargés du recrutement peuvent également être tentés de minimiser ou d’exagérer les mérites de l’intervention auprès des sujets potentiels.
Ils peuvent ainsi être enclins à exagérer la valeur de l’intervention (en en surestimant les avantages, en en minimisant les risques ou encore en sous-estimant le temps ou les efforts qu’elle requiert) si l’on fait pression sur eux pour qu’ils atteignent un certain quota d’inscription. Une telle survalorisation du programme risque de susciter une déception excessive chez les membres du groupe témoin, et le décalage par rapport à la véritable nature du programme peut également être à l’origine d’un taux plus élevé de non-conformité ou d’abandon dans le groupe de traitement.
À l’inverse, le personnel peut être tenté de minimiser la valeur du programme (par exemple en en sous-estimant les avantages potentiels ou en en exagérant les risques) s’il craint de décevoir les membres potentiels du groupe témoin. Cependant, une telle dévalorisation du programme risque de se traduire par un faible taux de consentement et de participation.
Pour limiter les problèmes liés à la description des risques et des avantages du programme et de l’étude, l’équipe de recherche doit former et accompagner le personnel chargé du recrutement tout au long de l’étude, comme indiqué dans la section « Qui va procéder au recrutement » ci-dessus.
Indemnisation
Indemniser les sujets de la recherche pour les inciter à participer et les dédommager du temps qu’ils consacrent à l’étude et des inconvénients qui en découlent est une pratique courante, parfois explicitement requise par certains IRB. Cette indemnisation se distingue du remboursement des frais directs et n’est pas considérée comme un avantage potentiel de la participation à la recherche.
Selon l’Office of Human Research Protections, « les IRB doivent veiller à ce que le montant des indemnités ne soit pas élevé au point de constituer un « abus d’influence » ou une incitation excessive susceptible de compromettre la capacité du sujet potentiel à évaluer objectivement les risques ou d’affecter le caractère volontaire de ses décisions » (Office of Human Research Protections, n.d.). Cependant, les experts en éthique, les chercheurs et les IRB ne sont pas tous du même avis sur la question de savoir si, et à quel moment, l’indemnisation passe d’une incitation raisonnable à un « abus d’influence ». Nous recommandons donc aux chercheurs de réfléchir soigneusement au niveau d’indemnisation envisagé et de bien le justifier dans le protocole qu’ils soumettront à l’examen et à l’approbation de l'IRB compétent. Toutes les informations relatives à l’indemnisation, y compris le montant et le calendrier du ou des versement(s), doivent être détaillées dans le formulaire de recueil du consentement éclairé.
Notons que ces questions d’indemnisation s’appliquent également aux travailleurs de crowdsourcing comme ceux de la plateforme Mechanical Turk d’Amazon (MTurk). Pour plus d’informations sur les considérations éthiques relatives à l’emploi de travailleurs de crowdsourcing comme sujets d’une étude ou pour d’autres fonctions de recherche, veuillez consulter le guide téléchargeable sur MTurk.
Montant de l’indemnité
Le montant de l’indemnité offerte a non seulement des implications éthiques, mais aussi des conséquences sur la composition de l’échantillon et le taux de participation. Étant donné que le coût d’opportunité du temps et l’utilité marginale de l’indemnité sont différents pour chaque individu, tout niveau d’indemnité en particulier est susceptible de provoquer des distorsions au sein de l’échantillon de l’étude. Pour déterminer le montant d’indemnisation le plus approprié, il faut trouver un juste équilibre entre un montant trop bas, qui relèverait de l’exploitation, et un montant trop élevé, susceptible d’exercer une influence indue sur les sujets potentiels. Les chercheurs doivent également se demander dans quelle mesure l’indemnisation est susceptible d’affecter la validité externe de l’étude, et si elle risque d’avoir une incidence sur les variables de résultat.
Pour établir un comparatif des différents taux d’indemnisation et en évaluer les effets de distorsion potentiels et les implications éthiques, les chercheurs peuvent :
- Étudier les taux de rémunération en vigueur au sein de la population concernée. Certaines études impliquent plusieurs groupes distincts pour lesquels le niveau d’indemnisation adéquat peut être très différent. Dans ce cas, il peut être judicieux d’envisager de proposer une indemnité d’un montant différent à chaque groupe de participants, à condition de pouvoir le justifier et d’obtenir l’approbation de l’IRB (Université de Toronto 2011).
- Consulter les montants versés par d’autres études menées dans le même contexte. Par exemple, il existe de nombreuses études menées sur des campus universitaires. Une nouvelle étude réalisée sur le même campus pourra ainsi comparer le montant de sa propre indemnité à celui d’autres études similaires.
- Discuter de l’indemnisation avec des experts, des dirigeants ou des représentants de la communauté. Cette démarche est particulièrement importante si les taux de rémunération ne sont pas disponibles ou ne s’appliquent pas à la population avec laquelle vous travaillez.
Un niveau d’indemnisation trop élevé risque de fausser les incitations à participer ou à répondre aux questions de l’enquête. Un montant trop élevé est susceptible de compromettre la capacité des individus à évaluer objectivement les risques, en particulier si le niveau d’indemnisation est de nature à modifier considérablement leur mode de vie. En outre, certains individus risquent de se comporter différemment ou de répondre différemment aux questions pour avoir le sentiment d’avoir « mérité » l’indemnité, ou de tenter de participer à l’étude alors qu’ils ne remplissent pas les critères d’inscription.
Un niveau d’indemnisation trop faible risque de nuire à la capacité des chercheurs à recruter ou à conserver un nombre suffisant de participants. En outre, une indemnité excessivement faible peut relever d’une forme d’exploitation et donner l’impression que l’on « sous-traite » la recherche à des communautés à faibles revenus afin d’en réduire le coût. Cette crainte peut se manifester dans deux cas de figure : 1) si l’indemnisation est inférieure au taux de rémunération local en vigueur, ou 2) si l’indemnisation est conforme au taux de rémunération local, mais que la recherche est menée dans un pays ou une communauté à faible revenu (Largent et Fernandez Lynch 2017 ; Université de Toronto 2011).
L’IRB doit évaluer les risques et les avantages potentiels de la recherche sans tenir compte de l’indemnisation, et conclure que; pour un individu moyen de la population étudiée, participer à la recherche ne présente pas de risque excessif (Emanuel 2005 ; Largent et Fernandez Lynch 2017). Sur la base de cette décision de l’IRB, certains bioéthiciens estiment que « compte tenu de la rareté des cas d’abus d’influence possible parmi les études approuvées par les IRB, et du risque bien réel d’exploitation si le paiement est trop faible, nous préconisons de modifier la règle par défaut des IRB : au lieu de se demander si les offres d’indemnisation proposées sont trop élevées, comme les IRB ont actuellement coutume de le faire, ils devraient plutôt commencer par vérifier que le montant de l’indemnisation est suffisamment élevé pour être juste » (Largent et Fernandez Lynch, 2017). Dans le même esprit, l’Université de Toronto donne les conseils suivants concernant le niveau d’indemnisation des populations vulnérables : « Dans le contexte local, les chercheurs peuvent être amenés à mener des recherches auprès de populations financièrement et socialement vulnérables (comme les jeunes sans-abri, les consommateurs de drogues injectables, ou encore les personnes souffrant de dépendance au jeu). Définir un niveau d’indemnisation adéquat pour ces populations soulève des questions difficiles, car les [IRB] tentent de trouver un équilibre entre plusieurs principes éthiques, notamment le respect de l’autonomie des participants, la lutte contre l’abus d’influence et la protection des personnes vulnérables. Lorsqu’ils définissent le montant et le type d’indemnisation à accorder aux populations vulnérables, il est essentiel que les chercheurs et l’[IRB] ne confondent pas protection et paternalisme. Les participants qui sont aptes à consentir à la recherche doivent être considérés comme autonomes quant à l’usage qu’ils feront de l’indemnité. Il n’appartient pas aux chercheurs ni aux [IRB] d’établir des restrictions (directes ou indirectes) en matière d’indemnisation en dehors de celles qui sont habituellement imposées aux populations non vulnérables » (Université de Toronto 2011).
Une indemnité dont le montant est fixé de façon adéquate peut permettre « d’attirer un éventail plus varié de participants, car plus l’offre d’indemnisation augmente, plus il y aura d’individus susceptibles de trouver intéressante la participation à l’étude. Cela peut contribuer à garantir une meilleure répartition au sein de la population des contraintes imposées par les recherches utiles à la société, plutôt que de les faire peser en majorité sur les groupes à faible revenu » (Emanuel 2005 ; Largent et Fernandez Lynch 2017).
Cependant, identifier le montant d’une telle indemnité est difficile, et il n’existe pas forcément de niveau d’indemnisation objectivement « optimal ».
Modalités d’indemnisation
L’indemnisation peut se faire sous plusieurs formes, notamment de l’argent liquide, des cadeaux ou encore une loterie.13 Elle peut être versée au moment de l’inscription à l’étude ou payée au prorata tout au long de la période d’étude. L’Université de Toronto et la Food and Drug Administration américaine fournissent des conseils avisés pour déterminer la méthode d’indemnisation la plus adaptée compte tenu des contraintes budgétaires, de la population cible et des enjeux éthiques de l’étude.
Ces conseils sont les suivants :
- Pour les études qui durent plus de quelques jours, l’indemnisation ne doit pas être subordonnée au fait que le sujet aille jusqu’au bout de l’étude. Au lieu de cela, le montant de l’indemnité doit augmenter au fur et à mesure de l’avancement de l’étude, ou être calculé au prorata pour les personnes qui abandonnent avant la fin de l’étude. Il est cependant possible de réserver une petite portion de l’indemnité pour la verser sous forme de prime à ceux qui auront participé à l’étude jusqu’au bout.
- Si des contraintes budgétaires empêchent le versement d'une indemnité dédommageant les participants de façon raisonnable et respectueuse pour le temps consacré à l’étude, l’Université de Toronto recommande d’offrir « des gages de reconnaissance, comme des cartes-cadeaux ou des cadeaux, qui peuvent s’avérer plus adaptés. Ils doivent alors être désignés comme tels, c’est-à-dire comme des (sic) cadeaux (ou des honoraires), et non comme une indemnisation » (Université de Toronto 2011). Certains chercheurs considèrent également que les cadeaux d’une valeur égale au montant de l’indemnisation en espèces sont moins susceptibles d’exercer une influence indue sur les participants.
- Certaines études utilisent des loteries ou des tirages au sort plutôt que de verser des indemnités en espèces, en particulier lorsque le budget ne permet pas de dédommager pleinement les participants. Ces méthodes sont acceptables à condition que la valeur des lots ne soit pas élevée au point de constituer un abus d’influence. Les loteries sont parfois soumises à des réglementations fédérales ou locales.
Annexe : Formulaire de demande de dispense de consentement à l’IRB
Vous trouverez ci-dessous un exemple de texte soumis à un IRB pour solliciter une dispense de l’obligation de consentement éclairé. Dans l’étude concernée, les chercheurs mesuraient l’impact de l’envoi de lettres d’information et de cartes postales sur le taux de participation à un programme.
Avertissement : ce document est fourni à titre d’information uniquement. Il ne s’agit pas d’un modèle type, et J-PAL ne peut garantir qu’un texte similaire serait nécessairement approuvé par un IRB.
« Il est matériellement impossible de recueillir le consentement de tous les individus concernés par cette étude. C’est pourquoi nous sollicitons une dispense de l’obligation de consentement éclairé. Une partie de cette étude consistera à analyser quelles sont les personnes qui répondent ou non à nos actions de sensibilisation. En limitant l’étude aux individus qui consentent explicitement à participer, nous fausserions les résultats de l’étude, qui ne serait plus en mesure de produire des données utiles sur l’efficacité de nos efforts de sensibilisation.
Le fait de ne pas recueillir le consentement des personnes concernées ne présente pour celles-ci qu’un risque très minime. Les documents que recevront les participants de l’étude contiendront des informations exactes et potentiellement utiles sur ____. Par conséquent, les inconvénients potentiels de l’intervention sont limités. Cette étude ne présente qu’un risque très minime d’atteinte à la confidentialité des participants. Les chercheurs ne recevront qu’un ensemble de données limité, de sorte que même ce risque sera réduit au minimum, et ils n’auront aucun contact direct avec les individus. Le partenaire de mise en œuvre ne recevra que les informations nécessaires à l’exécution de ses procédures habituelles, conformément à l’accord qu’il a conclu avec ____.
Dernière mise à jour en mars 2021.
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Ce document a été traduit de l’anglais par Marion Beaujard.
Nous remercions Mary-Alice Doyle, Amy Finkelstein, Louise Geraghty, Mary Pelak, Anna Spier, Aaron Truchil et Annetta Zhou pour leurs remarques et leurs conseils précieux. Nous remercions Aurora Health Care, Benefits Data Trust, la Camden Coalition of Healthcare Providers, Homefirst, le National Service Office du Nurse Family Partnership, et l’Office of Supportive Housing du comté de Santa Clara, ainsi que les équipes de recherche associées, de nous avoir autorisés à utiliser leurs programmes pour nos études de cas. Ce document a été relu et corrigé par Chloe Lesieur, et traduit de l’anglais par Marion Beaujard. Le présent travail a pu être réalisé grâce au soutien de la Fondation Alfred P. Sloan et d'Arnold Ventures. Toute erreur est de notre fait.
Additional Resources
General requirements for informed consent. 2018. Code of Federal Regulations. Vol. 45 CFR 46.116.
Ces « exigences générales en matière de consentement éclairé » (45 CFR § 46.116) relèvent de la « Basic HHS Policy for Protection of Human Research Subjects » dans le Code of Federal Regulations du ministère américain de la santé et des services sociaux. Il s’agit de la source officielle concernant la manière dont un sujet de recherche ou son représentant légal doit être informé et quelles informations doivent lui être communiquées pour que le consentement soit « éclairé ». Ces exigences indiquent également dans quels cas et selon quelles modalités il est acceptable de remplacer le consentement éclairé par un consentement général, mais aussi dans quels cas l’IRB peut autoriser la modification de la procédure de consentement éclairé ou accorder une dispense de consentement
Committee on the Use of Humans as Experimental Subjects. “Forms & Templates.” Massachusetts Institute of Technology. Consulté le 16 mai 2019. https://couhes.mit.edu/forms-templates.
Le Committee on the Use of Human Subjects for Research (COUHES) du Massachusetts Institute of Technology met à disposition des modèles et des formulaires pour le recueil du consentement et de l’assentiment, ainsi que pour les demandes de dispense ou de modification de la procédure de consentement. Le COUHES étant l’Institutional Review Board du MIT, ces documents offrent un bon exemple des formalités administratives nécessaires à l’obtention des autorisations requises pour les études universitaires impliquant des sujets humains
Office of Human Research Protections, Department of Health and Human Services. “Informed Consent FAQs.” Text. HHS.gov. Consulté le 6 mars 2019. https://www.hhs.gov/ohrp/regulations-and-policy/guidance/faq/informed-consent/index.html.
Le site internet du ministère américain de la santé et des services sociaux donne des réponses détaillées aux questions les plus fréquentes sur la Common Rule et le consentement éclairé. On y trouve notamment des éclaircissements sur la terminologie officielle (par exemple, « Que signifie l’expression « consentement éclairé juridiquement valable » » et « Que signifie minimiser la possibilité de coercition ou d’abus d’influence »). On y explique également comment respecter les exigences de la Common Rule dans diverses circonstances (par exemple, « Que se passe-t-il si un enfant atteint l’âge légal de consentement alors qu’il participe à une étude ? », « Qu’est-ce qui peut constituer une coercition ou un abus d’influence lorsque des étudiants participent à une étude dans un établissement d’enseignement supérieur ? ») et apportent des précisions d’ordre logistique (par exemple, « Combien de temps avant la participation à la recherche faut-il recueillir le consentement ? » et « Comment faut-il documenter l’assentiment de l’enfant ? »).
Ozler, Berk. (2019). Research with adolescents: Issues surrounding consent. Consulté le 2 juillet 2019, sur https://blogs.worldbank.org/impactevaluations/research-adolescents-issues-surrounding-consent.
Cet article de blog traite des exigences de la Common Rule et des disparités de mise en application de ces exigences d’un IRB à l’autre, et définit les cas où les chercheurs et les comités d’examen peuvent envisager d’autoriser le mineur à donner lui-même son consentement éclairé.
Office for Human Research Protections, Department of Health and Human Services. "Special Protections for Children as Research Subjects." Text. HHS.Gov. https://www.hhs.gov/ohrp/regulations-and-policy/guidance/special-protections-for-children/index.html.
Ce guide présente quatre catégories de recherches impliquant des enfants et précise les décisions que doit prendre l’IRB pour approuver les recherches relevant de chacune de ces catégories.
Office of Human Research Protections, Department of Health and Human Services. 2016. “Human Subject Regulations Decision Charts.” Text. HHS.Gov. https://www.hhs.gov/ohrp/regulations-and-policy/decision-charts/index.html.
Ce guide propose une série d’arbres de décision permettant de déterminer si (1) une activité est considérée comme une recherche sur des sujets humains et doit donc être examinée par un IRB, (2) l’examen nécessaire peut faire l’objet d'une procédure accélérée, et (3) il est possible d’obtenir une dispense de consentement éclairé ou de documentation du consentement éclairé
Office of Human Research Protections, Department of Health and Human Services. 2016. “Human Subject Regulations Decision Charts.” Text. HHS.Gov. https://www.hhs.gov/ohrp/regulations-and-policy/decision-charts/index.html.
This guide provides a series of decision trees intended to help determine whether or not (1) an activity is considered research on human subjects and therefore must be reviewed by an IRB, (2) a necessary review qualifies for expedited procedures, and (3) informed consent or the documentation of informed consent can be waived.
Social & Behavioral Sciences Institutional Review Board. “Research in Schools with Education Records.” University of Chicago. Consulté le 16 mai 2019. https://sbsirb.uchicago.edu/investigatorguidance/ .
L’IRB de l’Université de Chicago donne des indications sur les implications en matière de consentement éclairé du Family Educational Rights and Privacy Act (FERPA), loi qui s’applique aux recherches collectant des données sur les élèves des établissements scolaires recevant des financements fédéraux. Il précise dans quels cas un consentement est nécessaire pour consulter des dossiers scolaires contenant des données personnelles, ainsi que les exceptions qui ne nécessitent pas de consentement.
« Utiliser des données administratives dans le cadre d'une évaluation aléatoire. » J-PAL North America Evaluation Toolkit.
Ce guide porte sur le cadre éthique et juridique qui encadre l’utilisation de données administratives dans le cadre d’une évaluation aléatoire. Il aborde les implications en matière de consentement éclairé des données administratives soumises à la loi HIPAA (Health Insurance Portability and Accountability Act).
Glennerster, R. “Chapter 5 - The Practicalities of Running Randomized Evaluations: Partnerships, Measurement, Ethics, and Transparency.” In Handbook of Economic Field Experiments, edited by Abhijit Vinayak Banerjee and Esther Duflo, 1:175–243. Handbook of Field Experiments. North-Holland, 2017. https://doi.org/10.1016/bs.hefe.2016.10.002.
La section 3.3, intitulée « Practical issues in complying with respect-for-human-subjects requirements », traite des considérations relatives au consentement éclairé dans le cadre d’expérimentations sur le terrain. Elle aborde la question de la documentation du consentement chez les participants analphabètes, identifie les personnes qui doivent donner leur consentement dans les évaluations où la randomisation se fait au niveau du groupe, et décrit les situations où la contrainte que représente le consentement est suffisamment importante pour justifier une dispense de cette obligation. Cette section explique également comment concilier les préoccupations des partenaires et des IRB (par exemple, si un IRB ajoute au formulaire de consentement des nuances qui le rendent plus compliqué, ce qui risque de réduire la probabilité que les participants les moins instruits en comprennent pleinement la teneur).
Inter-university Consortium for Political and Social Research (ICPSR). “Recommended Informed Consent Language for Data Sharing.” University of Michigan. Consulté le 7 juin 2021. https://www.icpsr.umich.edu/web/pages/datamanagement/confidentiality/conf-language.html
L’ICPSR recommande ici des formulations à utiliser pour solliciter le consentement éclairé des participants concernant le partage de leurs données avec les chercheurs. La page donne des exemples de tournures de phrase à éviter et de formulations à inclure, et décrit les difficultés qui peuvent être rencontrées et leurs solutions potentielles
National Bureau of Economic Research (NBER) “Moving to Opportunity Final Evaluation Consent Forms.” Consulté le 7 juin 2021.
Pour des exemples de texte à utiliser dans un formulaire de consentement, l’expérimentation Moving to Opportunity (MTO) a mis en ligne des formulaires de consentement auxquels les chercheurs peuvent se référer.
Zelen, M. “A New Design for Randomized Clinical Trials.” The New England Journal of Medicine 300, no. 22 (May 31, 1979): 1242–45. https://doi.org/10.1056/NEJM197905313002203.
Les exigences en matière de consentement ont été introduites pour la première fois en 1978 avec la Common Rule. Cet article analyse les implications éthiques et statistiques de différents protocoles expérimentaux pour les essais cliniques et examine les arbitrages relatifs au recueil du consentement éclairé avant et après la randomisation.
McRae, Andrew D, Charles Weijer, Ariella Binik, Jeremy M Grimshaw, Robert Boruch, Jamie C Brehaut, Allan Donner, et al. “When Is Informed Consent Required in Cluster Randomized Trials in Health Research?” Trials 12 (September 9, 2011): 202. https://doi.org/10.1186/1745-6215-12-202.
Cet article traite des exigences en matière de consentement pour les interventions mises en œuvre au niveau des grappes et identifie qui est le « sujet humain » dans ce type de cas (par exemple, le sujet d’une étude de recherche consistant à dispenser une formation aux médecins est-il le médecin ou le patient?). Le raisonnement utilisé pour déterminer quels individus sont les « sujets » de la recherche et doivent donc donner leur consentement peut sembler évident à ceux qui connaissent bien les évaluations aléatoires en sciences sociales, et en particulier en économie du développement. Cependant, pour les chercheurs qui travaillent avec des partenaires ou des IRB issus de domaines et de contextes différents, il peut être utile de revoir et de définir clairement ce raisonnement.
Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab. “Why Randomize.” 2016.
Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab. Why Randomize? 2017. https://www.youtube.com/watch?v=Uxqw2Pgm7s8&feature=youtu.be.
Les ressources de J-PAL intitulées « Why Randomize », qui incluent un document d’une page et une vidéo, récapitulent les raisons qui justifient le recours aux évaluations aléatoires pour mesurer l’impact de programmes et de politiques. Il peut être utile de transmettre ces ressources aux publics peu habitués aux méthodes d’évaluation. Elles expliquent la nécessité de construire un contrefactuel, et pourquoi la sélection aléatoire des participants à l’étude pour former ce contrefactuel permet d’obtenir des résultats d'une grande fiabilité
Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab. “Common Questions and Concerns about Randomized Evaluations.” 2016.
J-PAL a créé cette ressource pour aider les chercheurs à anticiper les inquiétudes de leurs partenaires vis-à-vis des évaluations aléatoires et à y répondre. Elle explore les questions possibles concernant l’éthique et la faisabilité des évaluations aléatoires, ainsi que la portée et la capacité de généralisation de leurs résultats.
Heard, Kenya, Elisabeth O’Toole, Rohit Naimpally, and Lindsey Bressler. 2017. “Real World Challenges to Randomization and Their Solutions.” Cambridge, MA. Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab. https://www.povertyactionlab.org/sites/default/files/research-resources/2017.04.14-Real-World-Challenges-to-Randomization-and-Their-Solutions.pdf.
Cette ressource décrit des procédures d’admission et de randomisation qui tiennent compte des défis éthiques et pratiques soulevés par les partenaires de mise en œuvre. Elle présente des variantes de protocole d’évaluation qui peuvent être utilisées pour évaluer les programmes qui ne se prêtent pas à une randomisation simple par tirage au sort (par exemple, les programmes dont les ressources sont suffisantes pour être étendus à l’ensemble des personnes éligibles, ou les programmes qui relèvent d’un droit et dont il n’est pas possible de priver les bénéficiaires). Elle propose également des solutions pour éviter les problèmes de mise en œuvre les plus courants (par exemple, les effets de diffusion, crossovers et l’attrition).
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