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Réaliser une analyse coût-efficacité (ACE)

Summary

Cette ressource est destinée aux chercheurs qui souhaitent collecter des données sur les coûts et réaliser une analyse coût-efficacité (ACE) comparative dans le cadre de leur évaluation. Elle présente les grands principes de l’analyse coût-efficacité, décrit les calculs de base à effectuer et les principales hypothèses concernées, et donne deux exemples d’ACE comparative dans le domaine de l’éducation. Vous trouverez par ailleurs des liens vers des notes d’orientation, des documents-types de collecte de données sur les coûts et un livre blanc décrivant la méthodologie de J-PAL.

Introduction

Le calcul du rapport coût-efficacité d’un programme (par exemple, le montant dépensé par jour supplémentaire de présence d’un élève à l’école) permet d’identifier les programmes qui sont susceptibles d’offrir le meilleur rapport qualité-prix dans une situation donnée. L’analyse coût-efficacité (ACE) consiste à synthétiser un programme complexe sous la forme d’un simple rapport entre ses coûts et ses effets, offrant ainsi un outil de mesure commun pour comparer des programmes évalués dans différents contextes historiques et géographiques.

Si à elle seule, l’analyse coût-efficacité ne fournit pas suffisamment d’informations pour aiguiller tous les choix en matière de politique ou d’investissement, elle constitue néanmoins un point de départ utile pour les responsables politiques, les donateurs, les organismes de mise en œuvre et les chercheurs qui doivent choisir entre différents programmes visant à atteindre un même objectif. Lorsque les calculs sont effectués à un niveau très désagrégé et reposent sur des hypothèses formulées explicitement à propos de de facteurs clés comme le taux d’adhésion au programme ou les coûts unitaires, il est plus facile d’identifier les programmes qui sont susceptibles d’offrir le meilleur rapport qualité-prix dans une situation donnée, ainsi que les facteurs clés auxquels ces résultats sont le plus sensibles.

Pour réaliser une analyse coût-efficacité, il faut disposer de deux données : une estimation de l’impact du programme et le coût de celui-ci. Bien qu’il existe un nombre croissant d’évaluations d’impact rigoureuses permettant d’estimer les effets des programmes, les données sur les coûts de ces programmes restent rares. D’après notre expérience, il est bien plus facile et plus fiable de collecter des informations sur les coûts pendant la mise en œuvre du programme plutôt que d’essayer de reconstituer les données une fois l’évaluation terminée. Il est toutefois difficile de recueillir ces données en temps réel. Afin d’aider d’autres organismes à effectuer ce type d’analyse, J-PAL a mis au point quelques ressources pour faciliter la collecte de données de qualité sur les coûts :

  • Lignes directrices de J-PAL pour l’évaluation des coûts : Ce document explique comment procéder à la collecte d’informations sur les coûts, les types de coûts à inclure ou à exclure, et le niveau de détail requis.
  • Modèle d’évaluation des coûts de J-PAL : Ce modèle a pour but d’aider les utilisateurs à établir une estimation du coût total d’un programme. Il fournit une liste exhaustive des nombreuses catégories de coûts et des différents éléments qui peuvent entrer en jeu dans un programme. Ensuite, à l’intérieur de chaque catégorie, le modèle permet aux utilisateurs de saisir tous les détails concernant les coûts (coût unitaire, nombre d’unités, devise, année, etc.).
  • Modèle basique d’évaluation des coûts de J-PAL : Il n’est pas toujours possible de recueillir des données extrêmement détaillées sur les coûts. Si ce n’est pas possible, ce modèle aide les utilisateurs à calculer une estimation approximative du coût total du programme en répartissant les coûts dans les grandes catégories ou composantes générales.
  • Analyses coût-efficacité comparées pour guider l’élaboration des politiques dans les pays en développement : La réalisation d’une ACE nécessite de prendre de nombreuses décisions, notamment en ce qui concerne le taux d’actualisation et le taux de change à appliquer. Le document de J-PAL sur l’ACE explique les choix de J-PAL en la matière et montre l’impact de différents choix sur le rapport coût-efficacité relatif de programmes en faveur de la fréquentation scolaire.

Pour toute question sur ces ressources ou sur les ACE, veuillez contacter [email protected].

J-PAL a réalisé un certain nombre d’analyses coût-efficacité. Vous trouverez ci-dessous une explication de la méthode utilisée pour calculer les coûts, ainsi que des exemples d’ACE de programmes visant à améliorer la fréquentation ou l’apprentissage scolaire

Comment les coûts sont-ils calculés ?

Les calculs n’incluent que le coût marginal de la mise en place d’un nouveau programme d’éducation, en partant du principe que la plupart des coûts fixes liés au fonctionnement du système scolaire seraient encourus même en l’absence du programme en question. L’analyse suppose en outre que les décideurs politiques ne se soucient pas seulement des coûts encourus par leur organisme ou leur ministère, mais aussi des coûts imposés aux bénéficiaires et à la société dans son ensemble. Nous incluons donc les coûts suivants, lorsqu’ils sont pertinents :

  • Le temps des bénéficiaires, lorsqu’il s’agit d’une exigence directe du programme, par exemple le temps nécessaire pour se rendre aux réunions du programme et y assister ;
  • Les biens ou services fournis gratuitement (dans les cas où la gratuité ne serait pas forcément garantie si le programme était reproduit dans un autre contexte) ;
  • La valeur monétaire des transferts en espèces et en nature.

Vous trouverez ci-dessous la liste des hypothèses retenues pour toutes les analyses. Pour plus de détails sur ces hypothèses, voir Dhaliwal et al. 2013.

  • L’inflation est calculée à l’aide du déflateur du PIB ;
  • Pour calculer l’inflation moyenne entre l’année de référence et l’année d'analyse, nous supposons que les coûts du programme sont encourus le premier jour de chaque année ;
  • Les coûts sont exprimés en dollars américains de 2011, les devises locales étant converties à l’aide des taux de change standard (et non de la parité de pouvoir d’achat, ou PPA) ;
  • Un taux d’actualisation de 10 % est appliqué aux coûts encourus sur plusieurs années pour tenir compte du choix auquel le bailleur de fonds est confronté, à savoir engager les coûts immédiatement cette année ou différer les dépenses pour investir pendant un an avant de les engager l’année suivante.

Pour convertir les montants en dollars au cours de l’année d’analyse, J-PAL exécute les opérations permettant de tenir compte de l’inflation, des taux de change et de la valeur actualisée dans un ordre bien spécifique :

  1. Le montant des coûts locaux est converti en dollars américains en utilisant le taux de change de l’année au cours de laquelle les frais ont été encourus ;
  2. Ces montants sont déflatés afin d’être ramenés à leur valeur réelle de l’année de référence en utilisant le taux d’inflation annuel moyen aux États-Unis ;
  3. Un taux d’actualisation de 10 % est appliqué pour calculer la valeur actualisée des coûts encourus après la première année ;
  4. Enfin, le taux moyen d’inflation aux États-Unis est utilisé pour gonfler les coûts jusqu’à l’année de l’analyse.

Cet ordre spécifique n’est pas nécessairement meilleur qu’un autre. L’important est de choisir un ordre opératoire et de l’appliquer de manière systématique à tous les programmes visés par l’analyse

Fréquentation scolaire

Lorsque nous évoquons le rapport coût-efficacité des programmes (voir les pages 24-26 du Roll Call bulletin), nous rapportons les résultats en termes d’« année de scolarisation supplémentaire par tranche de 100 dollars US dépensés ». Cet indicateur est calculé en multipliant l’impact moyen sur la fréquentation scolaire par élève par le nombre total d’élèves ayant bénéficié du programme. Une année de scolarisation supplémentaire correspond à une année scolaire et non à douze mois d’enseignement en classe. Les calculs effectués pour élaborer ce tableau sont disponibles plus bas. Vous pouvez également télécharger le classeur complet de tous les calculs

Roll Call CEA figure

Lorsqu’on interprète le rapport coût-efficacité, il est important de garder à l’esprit que certains programmes, en particulier les transferts monétaires conditionnels, ont d’autres objectifs que l’amélioration de la fréquentation scolaire. Les programmes ont également tendance à être plus coûteux dans les pays riches, notamment parce que les taux de fréquentation initiaux y sont généralement plus élevés. En outre, il s’avère souvent relativement plus difficile d’obtenir des effets sur la fréquentation dans l’enseignement secondaire par rapport à l’enseignement primaire, car les enfants plus âgés ont généralement la possibilité de gagner un salaire plus élevé en dehors de l’école.

Bar chart of cost-effectiveness of programs, in pilot and at scale
Performing the same analysis from the first cost-effectiveness figure above using “at scale” costs changed the exact cost-effectiveness estimate for some programs, but not which programs are found to be cost-effective overall.
Bar chart of cost-effectiveness of cash transfer programs, with and without cost of transfers
Even excluding the costs of the transfers themselves, CCTs are still not a particularly cost-effective way to increase children’s time in school.

Read our insights on student participation for more information.

Apprentissage scolaire

Les chiffres représentent l’écart-type total gagné pour n’importe quelle taille d’échantillon par 100 dollars US dépensés. Le rapport coût-efficacité de chaque programme est mesuré en divisant l’impact global du programme (l’amélioration moyenne des résultats scolaires par élève, multipliée par le nombre d’élèves concernés) par le coût total de sa mise en œuvre. Les impacts sont mesurés en termes de variation de l’écart-type des résultats obtenus par les élèves aux tests. Les écarts-types indiquent dans quelle mesure les résultats individuels aux tests ont changé sous l’effet du programme par rapport à la moyenne des résultats dans le groupe témoin. Par exemple, un changement de 0,2 écart-type ferait passer un enfant du 50e au 58e percentile. Dans la littérature sur l’éducation, une augmentation de moins de 0,1 écart-type est généralement considérée comme un petit effet, tandis qu’une hausse de plus de 0,3 écart-type est considérée comme un effet important, et une augmentation de plus de 0,5 écart-type comme un effet très important. (Une publication à venir de J-PAL proposera une analyse plus approfondie des notes de tests comme mesure de l’apprentissage scolaire).

Figure showing cost effectiveness of various education programs to improve student learning

Les calculs effectués pour élaborer le graphique ci-dessus sont disponibles plus bas. Vous pouvez également télécharger le classeur complet de tous les calculs. Pour plus d’informations, lisez notre analyse sur l’apprentissage scolaire. Veuillez noter que tous les calculs relèvent d’un travail en cours et qu’ils sont susceptibles d’être modifiés. Pour toute question ou commentaire, veuillez contacter [email protected].

Dernière modification : juillet 2020.

Ces ressources sont le fruit d’un travail collaboratif. Si vous constatez un dysfonctionnement, ou si vous souhaitez suggérer l’ajout de nouveaux contenus, veuillez remplir ce formulaire.

Acknowledgments

Cette ressource s’inspire d’un livre blanc publié en 2013 par Iqbal Dhaliwal, Esther Duflo, Rachel Glennerster et Caitlin Tulloch, du bulletin « Roll Call » de J-PAL publié par Rachel Glennerster, Meghan Mahoney, Meagan Neal, Luke Strathmann et Caitlin Tulloch, ainsi que d’un article publié en 2013 dans Science par Michael Kremer, Conner Brennen, Rachel Glennerster et Caitlin Tulloch. Nous tenons également à remercier Elizabeth Bond et Amanda Kohn pour leurs contributions. Cette ressource a été traduite de l’anglais par Marion Beaujard. Toute erreur est de notre fait.

    Additional Resources
    Calculs de l’ACE pour les programmes d’amélioration de l’apprentissage scolaire
    1. Transferts monétaires inconditionnels au Malawi (Baird, McIntosh, et Özler 2011)

    2. Transferts monétaires conditionnels minimaux au Malawi (Baird, McIntosh, et Özler 2011)

    3. Bourses au mérite pour les filles au Kenya (Kremer, Miguel, et Thornton 2009)

    4. Ouverture d’écoles dans les villages en Afghanistan (Burde et Linden 2012)

    5. Fournir des informations sur les revenus à Madagascar (Nguyen 2008)

    6. Réduire la taille des classes au Kenya (Duflo, Dupas, et Kremer 2015)

    7. Manuels scolaires au Kenya (Glewwe, Kremer, et Moulin 2009)

    8. Tableaux de conférence au Kenya (Glewwe, Kremer, et Moulin 2009)

    9. Réduire la taille des classes en Inde (Banerjee et al. 2007)

    10. Construire/améliorer des bibliothèques en Inde (Borkum, He, et Linden 2013)

    11. Versement de subventions aux comités scolaires en Indonésie (Pradhan et al. 2012)

    12. Versement de subventions aux comités scolaires en Gambie (Blimpo et Evans 2011)

    13. Mise à disposition d’ordinateurs dans les salles de classe en Colombie (Barrera-Osorio et Linden 2009)

    14. Programme One Laptop per Child au Pérou (Cristia et al. 2012)

    15. Feedback diagnostique pour les enseignants en Inde (Muralidharan et Sundararaman 2010)

    16. Marathon de lecture aux Philippines (Abeberese, Kumler, et Linden 2007)

    17. Enseignement individuel assisté par ordinateur en Inde (Banerjee et al. 2007)

    18. Enseignants contractuels supplémentaires + groupes de niveau au Kenya (Duflo, Dupas, et Kremer 2011; 2012)

    19. Enseignement correctif en Inde (Banerjee et al. 2007)

    20. Groupes de niveau (Duflo, Dupas, et Kremer 2011)

    21. Enseignants contractuels au Kenya (Duflo, Dupas, et Kremer 2012)

    22. Incitations pour les enseignants au Kenya (Glewwe, Ilias, et Kremer 2010)

    23. Surveillance par caméra et incitations salariales en Inde (Duflo, Hanna, et Ryan 2012)

    24. Formation des comités scolaires en Indonésie (Pradhan et al. 2012)

    25. Subventions et formation pour les comités scolaires en Gambie (Blimpo et Evans 2011)

    26. Élections des comités scolaires et relations avec les autorités locales en Indonésie (Pradhan et al. 2012)

    27. Mise en relation des comités scolaires avec les autorités locales en Indonésie (Pradhan et al. 2012)