Principes éthiques pour les évaluations aléatoires
Summary
Cette ressource est conçue comme un guide pratique que les chercheurs peuvent utiliser lorsqu’ils réfléchissent aux aspects éthiques d’un projet de recherche donné. Elle est largement inspirée de la formation à l’éthique dispensée au personnel de recherche de J-PAL et du chapitre que Rachel Glennerster et Shawn Powers consacrent à ce sujet dans l’Oxford Handbook of Professional Economic Ethics (2016).
Les lecteurs qui connaissent déjà les principes de respect de la personne, de bienfaisance et de justice utilisés pour évaluer l’éthique de la recherche et qui cherchent avant tout des conseils de mise en œuvre concrets peuvent passer directement aux sections intitulées « Mise en pratique de... ».
Pour une analyse détaillée du caractère éthique de la randomisation comme outil de recherche, nous renvoyons le lecteur intéressé à un certain nombre d’excellentes ressources sur ce sujet, notamment Glennerster (2014), Glennerster & Powers (2016) (à partir de la page 12 de la version en libre accès) et Glennerster (2017). J-PAL met également à disposition un certain nombre de ressources sur l’éthique des essais contrôlés randomisés, qui est notamment abordée dans la ressource « Introduction aux évaluations aléatoires », dans la section sur le principe de justice de la ressource sur les IRB et dans le document Common questions and concerns about randomized evaluations publié par J-PAL Amérique du Nord.
Notez que cette ressource n’a pas vocation à être exhaustive et qu’elle n’a pas été rédigée par des experts en éthique. D’autres ressources sur l’éthique de la recherche en sciences sociales figurent à la fin de ce guide. Pour un guide pratique sur la procédure de soumission d’un dossier auprès d’un Institutional Review Board (IRB), veuillez consulter la ressource correspondante.
Introduction : un cadre éthique
Au moment de l’élaboration d’un projet comme lors de sa mise en œuvre, le personnel de terrain et les chercheurs peuvent être confrontés à toutes sortes de situations complexes soulevant des dilemmes éthiques ou moraux.
- Par exemple, une étude consistant à interroger des médecins peut révéler que ceux-ci ont un comportement qui est contraire à l’éthique de leur profession. Si l’on signale cette faute à leur employeur, on risque de nuire aux participants de l’étude (les médecins). Cependant, si on ne le fait pas, on risque de nuire à leurs patients1.
- En revenant interroger un ménage, un enquêteur peut découvrir que la famille en question vient de se retrouver sans domicile parce qu’elle n’a pas pu payer son loyer, et qu’elle espère recevoir une aide financière de la part de l’équipe de recherche, qu’elle a invitée chez elle régulièrement pendant plusieurs semaines.
- Un chercheur qui travaille avec des réfugiés peut être amené à décider du montant des frais à engager pour retrouver les participants et devoir s’assurer que l’inclusion dans l’étude est véritablement équitable.
Si de telles situations surviennent, c’est parce que les sciences sociales étudient le comportement et les conditions de vie des êtres humains. Quelle est la meilleure ligne de conduite pour le chercheur ? A quelles obligations éthiques doit-il se conformer ?
Dans cette optique, il est important de pouvoir s’appuyer sur un cadre déontologique afin de s’assurer que les principes éthiques sont bien respectés à chaque étape de la conception et la mise en œuvre de l’étude. Il faut pour cela se montrer proactif en s’attaquant très tôt aux problèmes éthiques posés par le modèle de l’étude et en anticipant les difficultés potentielles (c’est ce que l'on appelle l’éthique procédurale) (Guilleman & Gillam, 2004). Il faut également faire preuve de réactivité en mettant en œuvre des pratiques éthiques et en réagissant de manière adaptée en cas d’imprévu (c’est ce que l’on appelle la réflectivité) (Ibid.). Cette ressource a pour objectif d’aider les chercheurs à développer un cadre systématique pour concevoir et mettre en œuvre des procédures éthiques dans le cadre de la recherche sur le terrain.
Dans un certain nombre de pays, des comités d’évaluation de l’éthique sont chargés de vérifier que l’étude envisagée est acceptable d’un point de vue éthique et qu’elle respecte les dispositions légales relatives à la recherche sur des sujets humains. Aux États-Unis, cette tâche est confiée aux Institutional Review Boards (IRB). Par ailleurs, les études menées par des chercheurs américains mais se déroulant dans un autre pays doivent généralement aussi être examinées par un comité d’éthique dans le pays où a lieu la recherche et respecter les réglementations locales en matière de protection des sujets humains.
Ceci étant dit, recevoir l’avis favorable d’un IRB ou de tout autre comité d’éthique ne signifie pas nécessairement que tous les dilemmes éthiques sont résolus. Par exemple, de nombreuses situations du monde réel qui surviennent de façon imprévue ne sont pas couvertes par l’approbation de l’IRB. L’IRB peut ainsi estimer qu’une étude offre un bon équilibre bénéfice-risque pour l’échantillon dans son ensemble, alors qu’elle est perçue comme inappropriée par les enquêteurs ou les participants individuels. Une composante importante du protocole de recherche, comme le tirage au sort du montant des paiements, peut sembler injuste ou contraire à l’éthique au personnel de terrain.2 Les perceptions locales de ce qui est moral, équitable ou juste peuvent également varier d’un contexte à l’autre, parfois de manière imprévue.
De ce fait, l’examen du projet par l’IRB ne saurait se substituer à la responsabilité du chercheur, qui doit réfléchir aux implications éthiques de sa recherche et se demander, ainsi qu’aux membres des communautés auprès desquelles il travaille, si les protocoles de recherche élaborés semblent satisfaisants. Il s’agit notamment de réfléchir soigneusement au protocole expérimental afin d’anticiper ce que les sujets vont penser de l’étude (et de ceux qui la mènent), mais aussi aux dilemmes moraux auxquels l’équipe risque d’être confrontée, et de les prendre en compte au moment de la conception de l’étude et lors de la formation du personnel.
Comment l’éthique de la recherche contribue à la qualité de la recherche
Les préoccupations éthiques sont parfois considérées comme un obstacle ou comme un poids complètement extérieur à la recherche. En réalité, c’est le contraire : les questions éthiques sont étroitement liées à la qualité du protocole de recherche, même si cela ne doit pas être la principale motivation pour mener une recherche éthique.
Un protocole expérimental de qualité (doté par exemple d’une puissance statistique suffisante) a plus de chances d’être éthique, car il y a plus de chances pour que les participants tirent profit de la recherche qui en résulte. Une étude bien conçue dont les résultats sont fiables constitue ainsi une meilleure utilisation de ressources limitées qu’une étude mal conçue.
En outre, une étude dont les procédures et les modalités de mise en œuvre sont conformes à l’éthique est souvent plus crédible. Si les sujets ont le sentiment d’être traités avec respect, d’être correctement indemnisés, d’être soumis à des procédures de recherche conçues pour minimiser la charge qui pèse sur eux et d’être de façon générale bien traités, il y a moins de risques pour qu’ils réagissent de façon à compromettre la validité des informations collectées. Ce type de réactions peut aller de la contrariété ou de la colère à des réponses incorrectes ou une absence de réponse, voire un refus de respecter les protocoles de l’intervention. Une enquête fastidieuse et contraignante risque de donner lieu à un taux d’attrition plus élevé, à une erreur de mesure plus importante et à un plus grand nombre de données manquantes. Il est également possible que les partenaires de mise en œuvre cessent de coopérer, refusent de communiquer certaines informations ou soient moins disposés à faire confiance à des chercheurs par la suite.
Les procédures de recherche contraires à l’éthique peuvent également avoir des effets à long terme. Par exemple, Jamison, Karlan et Schechter (2008) montrent que le recours à la tromperie introduit un biais de sélection en incitant certains types de participants à revenir plus souvent (en particulier les hommes ayant bénéficié de résultats positifs dans de précédentes études) et en modifiant le comportement des participants, et notamment en rendant leurs choix plus imprévisibles/irrationnels (ce qui se traduit, dans l'étude en question, par une variance plus élevée et des comportements contradictoires dans le jeu sur l’aversion au risque).
Dans les cas extrêmes, une étude contraire à l’éthique peut compromettre l’accès à la population cible et, à terme, nuire aux efforts déployés pour résoudre le problème étudié. Par exemple, le fort taux de méfiance des Afro-Américains vis-à-vis du corps médical est lié à la longue tradition d’« expériences dangereuses, forcées et contraires à l'éthique [...] menées sur des sujets afro-américains depuis le XVIIIe siècle », notamment l’étude de Tuskegee sur la syphilis, dont les effets négatifs et durables sur la santé publique de ces communautés sont encore perceptibles aujourd’hui (Ball et al. 2013).
Si l’on veut mener une recherche éthique de qualité qui permettra de comprendre et de traiter efficacement un problème de politique publique affectant la population cible, il est essentiel de consulter les partenaires locaux, les membres de la communauté et le gouvernement, de recueillir leur consentement et de tenir compte de leurs commentaires lors de la conception et de la mise en œuvre du projet de recherche. Une telle démarche est particulièrement utile dans le cadre d’une étude internationale, où les éventuelles différences linguistiques et culturelles, voire un rapport de force inégal entre les chercheurs étrangers issus de pays à hauts revenus et la population locale, sont susceptibles de limiter l’échange d’informations et l’apprentissage.
Les principes éthiques et le rapport Belmont
En 1978, suite aux atrocités que des chercheurs américains ont fait subir à des hommes afro-américains dans le cadre de l’étude de Tuskegee sur la syphilis, et gardant à l’esprit les nombreux actes cruels commis par les nazis à des fins de recherche, le gouvernement américain a chargé un groupe d’« identifier les principes éthiques fondamentaux qui doivent régir la pratique de la recherche biomédicale et comportementale impliquant des sujets humains, et d’élaborer des directives à respecter pour s’assurer que ce type d'étude soit mené conformément à ces principes » (rapport Belmont 1979).
Ces directives sont reprises dans le rapport Belmont, publié en 1979. Ce document énonce des principes, plutôt que des règles spécifiques, afin de fournir un cadre analytique pour aider les chercheurs et les membres des comités d’éthique à évaluer les dossiers. Il s'inspire de précédents accords internationaux en matière d’éthique de la recherche, notamment le code de Nuremberg de 1947 et la déclaration d'Helsinki de 1964. Par souci de pragmatisme, et compte tenu du rôle majeur qu’il joue en tant que principal cadre organisationnel des IRB et de la protection de l’éthique de la recherche aux États-Unis, nous prenons comme point de départ le rapport Belmont, publié aux États-Unis, et ses trois piliers que sont le respect de la personne, la bienfaisance et la justice, tout en reconnaissant l’existence de réglementations comparables dans d’autres pays3.
Le respect de la personne : le droit de décider de participer à une étude
Le respect de la personne : le droit de décider de participer à une étude
Le principe de respect de la personne stipule que les individus doivent être traités comme des agents autonomes. Cela implique de reconnaître le droit et la capacité des personnes à décider elles-mêmes de leurs actions, de leur participation et de l’utilisation de leurs données personnelles dans le cadre d’un projet de recherche. Ce principe reconnaît également le fait que certaines personnes – comme les mineurs, les prisonniers et d’autres personnes vulnérables – ont une autonomie réduite, et que les informations fournies ne sont pas forcément suffisantes pour leur permettre de décider de manière éclairée s’il est dans leur intérêt de participer à un projet de recherche. De ce fait, ce principe stipule également que les personnes dont l'autonomie est réduite doivent faire l’objet de protections supplémentaires.
Mise en pratique du principe de respect de la personne
- Sollicitez le consentement éclairé des individus (et leur assentiment, si vous travaillez avec des mineurs) en veillant à leur fournir des informations parfaitement claires et compréhensibles, de façon à leur permettre de décider en toute autonomie s’ils veulent se porter volontaires pour participer à l’étude. Recueillir le consentement des participants peut être nécessaire pour administrer un programme ou une procédure, ou pour collecter des données personnelles, que ce soit par le biais d’entretiens, de données secondaires ou administratives, ou par d’autres moyens. Il s’agit d’une obligation pour la plupart des études. Dans certaines circonstances, notamment lorsque les risques potentiels pour les participants sont minimes, les chercheurs peuvent demander à l’IRB d’être dispensés de certains éléments ou de l’ensemble de la procédure de recueil du consentement éclairé. Cependant, une telle dispense ne peut être accordée qu’avec l’accord explicite de l’IRB. Voir la fin de cette sous-section pour des ressources utiles sur le consentement éclairé, et notre ressource sur les IRB pour plus d’informations4.
- Une indemnisation, éventuellement sous forme de dons en nature (savon ou sucre, par exemple), doit dédommager les participants pour le temps qu’ils consacrent à l’étude et les désagréments liés à leur participation. Il ne s’agit pas d’un avantage de la recherche, cette indemnisation venant s’ajouter au remboursement des dépenses directes. Son montant ne doit pas être injustement bas, mais ne doit pas non plus être élevé au point de risquer de compromettre la capacité des participants à prendre une décision rationnelle concernant les risques et les avantages de l’étude (Largent et Lynch, 2017). Voir également la discussion à ce sujet dans la ressource Définir la procédure d’admission et de recueil du consentement.
- Des protections supplémentaires doivent être mises en place pour les personnes considérées comme vulnérables à la coercition ou à l’abus d’influence, ou dont l’autonomie est réduite (et qui ne sont donc pas totalement libres ou capables d’autodétermination). Aux États-Unis, la réglementation fédérale 45 CFR 46 impose aux chercheurs des obligations supplémentaires spécifiques visant à protéger les individus issus de populations vulnérables, comme ceux dont la capacité de décision est altérée ou qui sont défavorisés sur le plan économique ou éducatif. Comme nous l’avons vu plus haut, ces populations comprennent notamment les mineurs, les prisonniers et les personnes dont l’autonomie est réduite.
- Lorsqu’on travaille auprès de populations vulnérables, il est important de trouver le bon équilibre entre le fait d’offrir aux individus la possibilité de participer au projet de recherche s’ils le souhaitent, par respect pour eux et pour leur autonomie, et le fait de s’assurer qu’ils bénéficient de protections adéquates contre la coercition et l’abus d’influence. Les obligations supplémentaires ne doivent pas être contraignantes au point d’empêcher dans la pratique toute personne « vulnérable » de participer à la recherche, mais il est néanmoins nécessaire de procéder à des vérifications additionnelles pour s'assurer que la décision de participer à la recherche est bien éclairée et volontaire (Singer et Bossarte 2006).
- Par exemple, en Afrique du Sud une large part de la population se méfie du gouvernement et hésite à signer des formulaires officiels. Ainsi, même lorsque les individus acceptent de participer à une étude, ils finissent par refuser lorsqu’on leur demande leur consentement écrit (une signature). Les femmes en particulier disent souvent qu’elles ne peuvent rien signer sans l’accord préalable de leur mari. Cette situation soulève le dilemme suivant : on souhaite que les femmes participent et qu’elles soient entendues, mais cela nécessite de passer outre l’obligation de consentement écrit. Dans ce cas précis, les chercheurs ont obtenu l’approbation de l’IRB pour recueillir le consentement verbal de cette population (Jack, McDermott et Sautmann, miméo).
- Lorsqu’on travaille auprès de populations vulnérables, il est important de trouver le bon équilibre entre le fait d’offrir aux individus la possibilité de participer au projet de recherche s’ils le souhaitent, par respect pour eux et pour leur autonomie, et le fait de s’assurer qu’ils bénéficient de protections adéquates contre la coercition et l’abus d’influence. Les obligations supplémentaires ne doivent pas être contraignantes au point d’empêcher dans la pratique toute personne « vulnérable » de participer à la recherche, mais il est néanmoins nécessaire de procéder à des vérifications additionnelles pour s'assurer que la décision de participer à la recherche est bien éclairée et volontaire (Singer et Bossarte 2006).
- Lorsqu’on travaille auprès de populations qui ne sont pas légalement en mesure de donner leur consentement (comme les mineurs ou les personnes souffrant de troubles cognitifs), il est essentiel d’obtenir leur assentiment en plus du consentement de leur tuteur légal. Il appartient à l’IRB de décider si cet assentiment doit être documenté, mais des enfants de sept ans (OHRPc) voire plus jeunes sont en mesure de fournir une forme élémentaire d’assentiment. Par exemple, le personnel de terrain peut demander aux participants s’ils acceptent qu’on les touche pour les peser et les mesurer, et attendre un assentiment verbal clair avant de commencer.
Ressources supplémentaires sur le consentement éclairé
- Notre ressource sur les procédures des IRB décrit en détail les procédures et les exigences en matière de consentement éclairé et d’assentiment.
- Une analyse détaillée du consentement éclairé et de l’indemnisation des participants est disponible dans la ressource Définir la procédure d'admission et de recueil du consentement de Laura Feeney/J-PAL Amérique du Nord.
- Un chapitre de Rachel Glennerster et Shawn Powers (2016) dans l’Oxford Handbook of Professional Economic Ethics aborde les mêmes questions que cette ressource de façon assez approfondie, notamment la question du consentement éclairé, ainsi que les cas où le consentement éclairé n’est pas suffisant.
- Les pages 27-33 de Glennerster (2017) s’inspirent du chapitre ci-dessus et traitent du consentement éclairé.
- Le point de vue nuancé d’Alderman et al. (2016) sur la confidentialité et le consentement éclairé, en particulier chez les populations dont le niveau d’alphabétisation est faible.
- Un exemple de check-list pour le recueil du consentement éclairé fourni par l’Office for Human Research Protections (OHRPb) aux États-Unis. Voir également la check-list annotée sur le consentement éclairé d’Anja Sautmann.
- Des conseils supplémentaires tirés des exigences de la réglementation 45 CFR 46 2018 de l'OHRP, en particulier les §46.116 et §46.117.
La bienfaisance
Le principe de bienfaisance comporte deux points essentiels : (1) la recherche ne doit pas causer de tort aux sujets et (2) il faut en maximiser les bénéfices tout en en minimisant les risques. Le point (1), en particulier, permet de déterminer si une étude doit être réalisée en se demandant si ses avantages potentiels sont suffisamment importants par rapport aux risques qu’elle présente.
« Ne pas causer de tort » et « minimiser les risques, maximiser les bénéfices »
Toute recherche nécessite des arbitrages. Par exemple, dans une étude portant sur une intervention dont on ignore encore si elle a des effets néfastes, les participants peuvent être exposés à un risque de préjudice.
En vertu du principe de bienfaisance selon lequel la recherche « ne doit pas causer de tort » aux sujets, les chercheurs doivent évaluer pour chaque étude si les bénéfices futurs de la recherche justifient le risque encouru par les sujets. En d’autres termes, ce principe détermine si l'étude peut ou non être entreprise.
Bien qu’il ne fasse pas partie des principes du rapport Belmont, le concept d’« équipoise » est une notion connexe qui désigne un état d’« incertitude réelle au sein de la communauté d’experts » quant au traitement à privilégier (Freedman 1987). Souvent évoquée dans le milieu médical, l’exigence d’équipoise clinique stipule que les chercheurs ne peuvent poursuivre une expérimentation que jusqu’à ce qu’ils disposent de suffisamment de preuves statistiques pour convaincre d’autres experts de la validité de leurs résultats. Appliqué aux sciences sociales, ce concept a été modifié pour désigner un état d’incertitude lié au fait qu’on ignore « dans quelle mesure l’intervention testée devrait être rendue accessible à la population qui relève du champ de la recherche » (Kukla 2007). Cette modification prend en compte le contexte local et implique que l’on peut se trouver dans un état d’équipoise si l’on ignore comment cibler efficacement un programme ou comment répartir les ressources entre plusieurs programmes.
Pour David McKenzie (2013), l’application du concept d’équipoise à l’économie du développement doit également permettre de se demander si la façon dont les fonds sont utilisés dans le cadre de l’étude améliore la situation des bénéficiaires par rapport à d’autres utilisations potentielles de ces fonds. Plus récemment, MacKay (2018) a proposé le concept d’équipoise politique comme outil pour la conception d’essais contrôlés randomisés évaluant des interventions de politique publique. L’équipoise politique développe le concept d’équipoise clinique pour prendre en compte les contraintes de ressources et exige qu’il y ait, pour chaque bras de l’étude, une véritable incertitude quant à la façon dont il se compare aux autres bras, ainsi qu’à la meilleure politique alternative viable. En d’autres termes, on doit être dans l’incapacité de prédire si un participant assigné à un bras de traitement donné s’en sortirait mieux ou moins bien dans un autre bras de traitement ou dans le cadre de la politique contrefactuelle (qui peut être la situation actuelle ou une politique alternative viable dont il est prouvé qu’elle est meilleure, mais qui ne correspond pas à la situation actuelle). Les implications de la notion d’équipoise politique sont examinées plus en détail dans MacKay (2018) et Asiedu (2021).
Si l’on décide que l’étude peut être entreprise, le principe de bienfaisance impose aux chercheurs de concevoir les procédures de l’étude, y compris l’intervention elle-même, de manière à « minimiser les inconvénients potentiels tout en maximisant les bénéfices ».
Les mesures concrètes qui permettent de minimiser les risques associés à une étude sont décrites ci-dessous. Le rapport Belmont définit les bénéfices de la recherche comme « des éléments ayant un effet positif sur la santé ou le bien-être ». Notons que, selon cette définition, l’indemnisation n’est PAS considérée comme un bénéfice de l’étude, étant donné qu’elle a pour but de dédommager les personnes interrogées (par exemple, pour le temps qu’elles ont consacré à l’étude et les autres coûts liés à leur participation) ou d’inciter les individus à participer à l’étude.
L’un des principaux bénéfices de la recherche concerne généralement l’acquisition de nouvelles connaissances, notamment sur la nature et l’étendue d’un problème donné et sur l’efficacité des solutions potentielles pour y remédier. Les bénéfices potentiels doivent donc être évalués dans le contexte de la crédibilité des résultats de la recherche. Par exemple, une étude qui est tellement mal conçue que ses résultats ne sont pas crédibles ne présente aucun avantage et ne réussira donc pas l’évaluation du rapport bénéfices-risques, car sa mise en œuvre soumettrait les individus aux contraintes liées à leur participation sans pour autant permettre d’acquérir de nouvelles connaissances (Kukla 2007). De même, les études dont la puissance statistique est insuffisante ne permettent pas de produire des résultats crédibles.
De manière générale, toutes les mesures qui optimisent la qualité des données accroissent les bénéfices potentiels de l’étude. Il appartient donc au chercheur d’éviter les questionnaires mal formulés, la perte de données, les taux élevés de non-conformité ou d’attrition inexpliqués, etc. La maximisation des bénéfices passe également par le partage des données désidentifiées et la diffusion des résultats en dehors de la communauté universitaire, de façon à ce que les données et les résultats puissent aussi bénéficier à d’autres chercheurs, aux décideurs politiques et, en particulier, à la population auprès de laquelle les données ont été collectées.
Les sous-sections suivantes décrivent ces objectifs plus en détail. Voir également Alderman et al. (2016) pour des études de cas illustrant le fait que des effets indésirables peuvent survenir même dans des études soigneusement conçues et menées avec de bonnes intentions.
Mise en pratique du principe selon lequel la recherche « ne doit pas causer de tort »
Ce principe d’innocuité s’articule autour de deux axes principaux :
- Ne pas administrer une intervention ou un traitement, ni procéder à une collecte de données dont on sait ou dont on soupçonne fortement qu’ils sont nuisibles.
Dans certains cas, les bénéfices de la recherche sont suffisamment importants pour qu’un IRB considère qu’ils l’emportent sur ses inconvénients potentiels pour les participants. Il en va de même lorsque l’étude est susceptible d’avoir un faible impact négatif sur certains participants, mais un impact positif sur la société dans son ensemble.
Notons que ce « faible impact négatif » inclut par exemple le désagrément que représente le fait de devoir répondre à une longue enquête. Ainsi, les modalités de collecte des données (moyennant une indemnisation adéquate, voir ci-dessous) sont généralement considérées comme une contrainte acceptable. Toutefois, ce que l’on considère comme « faible » doit bien entendu faire l’objet de réflexions approfondies de la part des chercheurs et être évalué par un IRB.
Plus important encore, dans une étude aléatoire, l’impact de l’intervention elle-même doit être évalué séparément. Les sujets ne reçoivent-ils l’intervention que parce que l’étude est mise en œuvre, et cette intervention comporte-t-elle un risque de préjudice ?
Cela ne signifie pas que les interventions que l’on soupçonne d’être néfastes ne doivent pas être étudiées, mais elles ne peuvent l’être qu’à condition d’être quoi qu’il arrive mises en œuvre par un organisme extérieur. Au contraire, il est important de connaître les effets de ce type d’intervention. En revanche, un chercheur ne peut pas concevoir ou administrer une intervention nuisible dans le but de l’étudier.
Si les chercheurs fournissent suffisamment d’informations à l’IRB sur les inconvénients, les bénéfices, les risques et les effets de diffusion potentiels, celui-ci est bien placé pour évaluer ce type de scénario.
- Ne jamais refuser aux participants l’accès à une intervention, à un traitement ou à des services auxquels ils devraient normalement avoir droit. De tels droits à prestations sont généralement inscrits dans la loi, et il existe donc des obstacles non seulement éthiques, mais aussi juridiques, au fait d’en priver certains individus. Il peut s’agir, par exemple, de services de santé subventionnés ou de prestations en nature pour les ménages dont les revenus sont inférieurs à un certain seuil. Voir également les défis n°2 et 3 dans la publication Real-world challenges to randomization de J-PAL Amérique du Nord.
Notons toutefois qu’un traitement financé et mis en œuvre par le chercheur ne relève pas d’un droit à prestation dont tous les participants sont en droit de bénéficier : sans l’étude, ce traitement n’existerait pas.
Mise en pratique du principe de « risque minimal »
Dans certains cas, une intervention peut être approuvée si elle est susceptible de causer des préjudices, mais que ceux-ci sont hautement improbables. Dans de tels cas, l’étude peut (et doit) prévoir des mesures de protection pour limiter les effets néfastes ex post. Parmi les mesures possibles, citons la mise en place d’un suivi par téléphone ou en personne, ou encore la mise à disposition de bons ou de coordonnées à contacter en cas d’événement indésirable. On peut par exemple désigner un médecin de garde pour apporter une aide médicale en cas de mauvaise réaction à un vaccin, ou prévoir des moyens financiers pour « renflouer » un participant qui a contracté un prêt qu’il ne peut pas rembourser.
Outre les risques liés au traitement administré dans le cadre de l’évaluation aléatoire, les risques que pose la recherche peuvent également être liés à la collecte de données elle-même. Les préjudices potentiels peuvent être d’ordre psychologique, social et/ou physique (par exemple, la honte, l’embarras ou des représailles physiques). Même lorsque les procédures sont élaborées avec soin, des erreurs peuvent être (et sont effectivement) commises, et des événements inattendus peuvent se produire. Il est donc important de se préparer aux pires éventualités, d’en surveiller attentivement les signes et de traiter les problèmes de manière proactive dès qu’ils se présentent. Les protocoles doivent viser à réduire à la fois le risque de préjudice et la gravité potentielle du préjudice en question.
Dans les études en sciences sociales, le risque le plus fréquent concerne la divulgation de données sensibles ou personnelles, et les protocoles de recherche doivent soigneusement se prémunir contre cette éventualité5. Les chercheurs doivent protéger les données des participants en élaborant des protocoles de sécurité qui soient clairs et applicables et en protégeant les données d’identification personnelle (« PII » en anglais). Pour plus de conseils à ce sujet, veuillez consulter nos ressources sur les procédures de sécurité des données et la protection des données d’identification personnelle. Protéger les données des participants (et en informer ces derniers) est susceptible d’améliorer la qualité des informations collectées.
Travailler avec des collaborateurs locaux peut s’avérer très précieux à cet égard. En effet, les chercheurs et les partenaires de mise en œuvre locaux connaissent généralement bien mieux le contexte dans lequel l’étude est menée et ont davantage conscience des questions qui sont potentiellement délicates ou des préoccupations spécifiques au contexte, y compris celles qui concernent l’intervention elle-même. Ils sont souvent en mesure de proposer des solutions qui ne sont pas forcément à la portée des chercheurs internationaux.
Voici quelques exemples de protocoles de recherche et de plans d’enquête qui visent à minimiser les inconvénients potentiels :
- Réaliser les entretiens en privé chaque fois que cela est possible et que le contexte le permet, en particulier lorsque l’entretien porte sur des sujets sensibles. C'est à la fois la démarche la plus éthique et celle qui est susceptible de produire les données de la plus grande qualité. En effet, les personnes interrogées sont parfois réticentes à répondre honnêtement à des questions délicates si elles pensent que d’autres personnes peuvent les entendre.
- Limiter la probabilité et le degré de gravité des préjudices en élaborant avec soin les questions sensibles et les procédures de l’enquête. Dans la mesure où ce qui est considéré comme une information sensible peut varier selon le contexte, il est recommandé de consulter les collaborateurs locaux à ce sujet avant de finaliser une stratégie de recherche ou un format de question particuliers (Dickert & Sugarman 2005), puis de faire des tests d’entretien avec le personnel de terrain et au sein de groupes de discussion composés de membres de la communauté qui ne font pas partie de l’échantillon, afin de s’assurer que les questions sont appropriées et formulées de manière adéquate.
- Tenir compte de la charge psychologique ou émotionnelle que représente l’enquête. Par exemple, dans le cadre d’une étude visant à déterminer comment améliorer la santé reproductive des femmes, les chercheurs peuvent être amenés à interroger les participantes sur leurs antécédents de grossesse, et notamment à leur demander si elles ont déjà fait des fausses couches. Pour les participantes, évoquer ces événements peut être éprouvant sur le plan émotionnel. Les chercheurs doivent donc limiter autant que possible le nombre de questions relatives à ces événements, en formulant avec soin les questions délicates et en mettant en place des procédures de suivi. Ils doivent également accorder une attention particulière aux caractéristiques démographiques de l’équipe de terrain et s’assurer que cette dernière est adaptée au contexte. Ainsi, il sera peut-être psychologiquement moins difficile de parler de sujets comme la violence domestique ou la santé sexuelle et reproductive avec des enquêtrices.
- Former l’équipe à réagir de façon appropriée aux réponses des personnes interrogées, en particulier si les sujets abordés sont potentiellement sensibles ou chargés sur le plan émotionnel. Élaborez un protocole qui permettra d’identifier les cas où les participants sont trop bouleversés, ainsi qu’un plan de signalement et de remontée de l’information lorsque cela se produit. Pour les recherches portant sur des sujets sensibles, comme la violence domestique, la grossesse et l’activité sexuelle des adolescentes, ou la dépression et le suicide, il est souvent demandé que l’équipe d’enquête soit en mesure d’orienter les personnes interrogées vers des services de soutien ou d’aide psychologique gratuits ou subventionnés.
- Tenir compte de la charge cognitive que représentent les questions. En effet, des questions qui ne sont pas chargées sur le plan émotionnel peuvent malgré tout s’avérer psychologiquement éprouvantes, comme le fait de devoir énumérer le prix de tous les articles achetés au cours de la semaine précédente. Pour en savoir plus sur les solutions permettant de limiter la charge cognitive, consultez la ressource consacrée à la conception de l’enquête.
- Tenir compte du temps nécessaire à la réalisation de l’étude. Il s’agit notamment de savoir combien de temps dure l’enquête et, par exemple, d’offrir des rafraîchissements et/ou de prévoir de courtes pauses pour les collations si l’enquête dure très longtemps (plus de deux heures), ce qui a pour effet d’alléger les contraintes imposées aux participants et de préserver la qualité des données. Indemnisez les participants pour le temps qu’ils consacrent à l’étude.
- Se demander dans quelle mesure le lieu où se déroule l’étude constitue une contrainte pour les participants : les enquêteurs se déplacent-ils au domicile des répondants, et ces derniers se sentent-ils obligés de leur offrir des rafraîchissements ? Les participants doivent-ils se rendre à un endroit précis (par exemple une clinique ou un bureau) pour consulter un médecin ou participer à un entretien ? Le choix du lieu a une incidence sur les dépenses directes des participants et sur le temps qu’ils consacrent à l'enquête, et peut avoir des implications pour le confort, la sécurité et la visibilité des participants et des enquêteurs.
- Réfléchir à la taille de l’échantillon : la puissance statistique de l’étude est-elle élevée au point que vous soumettez plus de personnes que nécessaire à vos procédures de recherche ? Si c’est le cas, envisagez de réduire la taille de votre échantillon de façon à ce que l’étude reste suffisamment puissante, sans pour autant que l’échantillon ne soit trop important.
La justice : répartition des contraintes et des bénéfices
Le principe de justice stipule que les personnes qui encourent les risques associés à la recherche doivent également en récolter les bénéfices. Il concerne donc la sélection des participants. Il peut toutefois s’avérer complexe de déterminer ce qui constitue une sélection équitable (et une juste répartition des contraintes et des bénéfices).
Le principe de justice peut tout simplement consister à attribuer à chaque participant une part égale de l’intervention, par exemple une subvention en espèces pour les petites entreprises. On peut aussi considérer que les avantages doivent être distribués en fonction des besoins individuels (les entreprises dont les bénéfices sont les plus faibles), du mérite (les petites entreprises les plus performantes en dessous d’un certain seuil), des efforts fournis (les patrons d’entreprise qui sont disposés à augmenter les heures de travail et à faire davantage de publicité), de la contribution à la société (les patrons qui versent des salaires plus élevés à leurs employés), ou même du rendement attendu de l’intervention (les entreprises qui connaîtront la croissance la plus forte grâce à l’aide obtenue). La difficulté réside bien sûr dans le fait que, bien souvent, bon nombre de ces facteurs ne sont pas connus avant la mise en place de l’étude.
La randomisation peut être un moyen d’éliminer certains types de biais, comme le fait de ne sélectionner que des amis pour une intervention supposée bénéfique, et est donc dans ce cas compatible avec le principe de justice de la recherche :
- En procédant à un échantillonnage aléatoire à partir de la population de référence, on peut logiquement s’attendre à ce que les contraintes et les avantages découlant de la participation à l’étude soient répartis équitablement.
- De même, en procédant à l’assignation aléatoire des individus au groupe de traitement ou au groupe témoin, on peut s’attendre à ce que les contraintes et les avantages de l’intervention soient distribués de manière équitable entre les participants.
Cependant, la randomisation ne résout pas forcément les problèmes de justice au niveau de la société dans son ensemble, qui sont liés à la manière dont la population/le lieu de l’étude ont été sélectionnés. Par exemple, elle ne permet pas de résoudre les problèmes liés à l’existence de disparités évidentes et mesurables en matière de besoins ou de vulnérabilité. Il est également possible que les personnes vivant dans une région donnée ou au sujet desquelles il existe des données administratives fiables soient souvent l’objet d’études parce qu’elles sont faciles d’accès pour les chercheurs : est-il « juste » que ce soient toujours elles qui supportent les contraintes de la recherche ? Le recueil du consentement éclairé en bonne et due forme et l’évaluation du projet par l’IRB sont particulièrement importants dans ce contexte.
Enfin, l’assignation aléatoire ne satisfait pas non plus aux exigences de justice si, en l’absence d’étude, tous les participants auraient pu bénéficier de l’intervention. Certains modèles d’intervention, comme les protocoles de mise en place graduelle, garantissent un traitement plus équitable des individus dans la mesure où personne ne se voit refuser l’accès à l’intervention de façon permanente (Glennerster & Takavarasha 2013).6
Mise en pratique du principe de justice
- Réfléchissez à l’identité des personnes ciblées par la recherche et de celles qui en sont exclues. Les chercheurs doivent s’assurer que la population étudiée est représentative de la population concernée par le problème et de la population qui peut espérer tirer profit de l’étude, soit en conséquence directe de sa participation, soit du fait des connaissances générées par l’étude. Ce point est important à la fois d’un point de vue éthique et en termes de maximisation des gains de connaissances.
- C’est une considération dont il faut également tenir compte quand on utilise des données administratives. Par exemple, il est possible que les chercheurs exploitent des données provenant de programmes qui ciblent principalement les groupes à faible revenu, comme Medicaid aux États-Unis. Or, les personnes qui figurent dans ces ensembles de données ne constituent pas un sous-ensemble aléatoire de la population et, selon l’étude envisagée, peuvent être moins susceptibles que d’autres tranches de la population de profiter véritablement d’un changement de politique. Dans cette perspective, est-il juste d’utiliser leurs données, alors que les personnes dont les revenus sont plus élevés n’ont pas besoin de fournir des données aussi détaillées au gouvernement ?7
- Évitez d’exclure des sous-populations spécifiques de l’étude, à moins qu’elles ne puissent jamais bénéficier des avantages de la recherche. Il peut par exemple être plus coûteux ou plus compliqué d’inclure des individus qui sont absents des registres officiels ou d’autres ensembles de données administratives (par exemple parce qu’ils ne remplissent pas de déclaration d’impôts), qui vivent dans des zones géographiques reculées et difficiles d’accès, ou qui sont difficiles à joindre par téléphone en raison de la mauvaise qualité du réseau mobile. Exclure certains groupes a cependant pour effet de rendre les données non représentatives (et donc moins utiles) et peut avoir des conséquences négatives imprévues.8
- À titre d’exemple, les femmes ont longtemps été exclues des essais cliniques en raison d’inquiétudes concernant de potentiels effets indésirables sur la reproduction, d’autres raisons en apparence bienveillantes et protectrices, et de l’hypothèse (erronée) selon laquelle les traitements médicaux fonctionnent de la même manière chez les femmes et les hommes. Cette pratique a eu pour conséquence un manque de données probantes concernant l’innocuité et la pharmacodynamie de nombreux médicaments utilisés dans le traitement de pathologies affectant largement les femmes, exposant ainsi l’ensemble des femmes à un risque de mauvais dosage (Liu et Mager 2016).
- Envisagez de concevoir une étude suffisamment puissante pour détecter les effets hétérogènes du traitement sur certains sous-groupes. Vous pouvez par exemple vous attendre à ce qu’un traitement donné ait des effets différents en fonction du sexe du chef de ménage, de la taille de l’entreprise ou de certaines pathologies comme le diabète9. S’il ne faut pas suréchantillonner les sous-populations par commodité, le suréchantillonnage ou l’échantillonnage aléatoire stratifié (chaque strate correspondant à un groupe d’intérêt particulier) peut être justifié si l’on pense que les effets risquent d’être hétérogènes pour certains sous-groupes et que l’on veut s’assurer d’avoir la puissance nécessaire pour les détecter. Cela peut également permettre de réduire la taille totale de l’échantillon. Pour déterminer s’il est juste de procéder à un suréchantillonnage, il faut se demander si cette démarche est vraiment nécessaire (et pas seulement pratique d’un point de vue administratif), évaluer les alternatives et s’assurer de pouvoir justifier le suréchantillonnage d’un point de vue éthique.
Lorsque vous évaluez le caractère équitable d’un projet, il est particulièrement important de garder à l’esprit que toutes ces interrogations sont une question de degré. Il est largement admis que la recherche financée par des subventions est soumise à des contraintes en matière de ressources. À ce titre, il est essentiel de réfléchir attentivement à la population cible et de s’assurer qu’elle correspond bien à la population qui est affectée par le problème étudié et aux bénéficiaires potentiels du changement de politique qui en découlerait.
Au-delà des sujets humains : prendre en compte les autres populations
Les principes établis par le rapport Belmont ont été rédigés dans une perspective médicale. Ils se concentrent sur les sujets directs de la recherche (conformément au modèle du patient dans les études médicales) mais donnent moins d’indications sur les risques encourus par les non-sujets. Dans le domaine de l’économie et des autres sciences sociales, il y a plus de chances que des personnes autres que celles qui participent directement à l’étude soient affectées par la recherche. De manière générale, les chercheurs doivent s’efforcer d’étendre le principe de bienfaisance à toutes les populations concernées et de limiter autant que possible les contraintes imposées par la recherche. Il faut donc prendre en considération le personnel de recherche, ainsi que les membres de la communauté qui ne participent pas directement à l’étude mais qui sont néanmoins affectés par celle-ci (Glennerster & Powers 2016)
Personnel de recherche
Lors de la mise en œuvre d’une étude, le personnel de recherche peut être exposé à des risques physiques et psychologiques. Les risques physiques incluent notamment les violences, ainsi qu’une exposition accrue aux risques de la vie quotidienne, comme les maladies transmissibles ou les accidents de la route. Ces risques sont présents quel que soit le contexte de l’étude. Par exemple, lors du recensement américain de 2010, plus de 430 cas de violences sur des agents recenseurs ont été signalés (Morello 2010 ; Conan 2010). La sécurité routière est également un sujet de préoccupation quel que soit le lieu, et elle est d’autant plus importante que le personnel de recherche se déplace fréquemment dans le cadre de sa mission (Ali 2010). Dans certaines régions, il est dangereux pour les femmes de voyager seules, et les études portant sur certains sujets comme les violences domestiques exposent les enquêteurs à des risques supplémentaires (Ellsberg & Heise 2002). Il est essentiel de garantir la sécurité des équipes de terrain, sujet qui fait l’objet d’une discussion plus détaillée dans la ressource consacrée à la gestion des équipes de terrain.
Le processus de recherche peut en outre se révéler épuisant pour le personnel de recherche. Si l’étude porte sur des sujets sensibles comme les traumatismes passés ou les mauvais traitements, il peut s’avérer nécessaire de dispenser une formation supplémentaire aux enquêteurs et de leur proposer un accompagnement tout au long de l’enquête, de la même manière que les thérapeutes ont besoin de bénéficier d’un système de soutien professionnel. Ces mesures visent à prévenir les conséquences négatives liées au fait d’entendre le témoignage de victimes de traumatisme, comme la traumatisation secondaire ou l’épuisement professionnel (Canfield, 2005).10
La procédure qui consiste à informer les participants de leur assignation au groupe de traitement ou au groupe témoin peut également s’avérer très éprouvante sur le plan émotionnel. Par exemple, dans le cas d’un ECR qui évaluait le programme Nurse Family Partnership en Caroline du Sud, l’inscription des participants était effectuée par des infirmières, plutôt que par une équipe de recherche externe, et les infirmières devaient annoncer en personne aux participants s’ils avaient ou non été sélectionnés pour bénéficier de l’intervention (Baicker et al., en cours). Dans ce type de cas, un soutien supplémentaire peut être nécessaire pour limiter au maximum la charge qui pèse sur l’équipe chargée de mettre en œuvre la recherche (Baicker 2016).11
Comme pour les trois principes détaillés plus haut, soutenir le personnel de recherche est important non seulement pour garantir l’éthique de la recherche, mais aussi pour en garantir la qualité. Des enquêteurs épuisés par des entretiens émotionnellement éprouvants, ou après avoir administré un grand nombre d’enquêtes sans interruption, risquent d’être moins efficaces dans la conduite des entretiens. De même, si les moyens de transport utilisés par les enquêteurs ne sont pas sûrs, les sous-populations les plus difficiles à atteindre risquent d’être sous-représentées dans l’étude. Il est important également d’aborder en détail les dilemmes moraux posés par les protocoles expérimentaux avec les équipes de recherche, de répondre à leurs préoccupations et de leur donner les moyens de répondre aux questions des acteurs extérieurs. Sans cela, en l’absence de justification de votre part, certaines caractéristiques du protocole, comme le tirage au sort du montant des paiements, risquent de sembler injustes à l’équipe. Les enquêteurs peuvent alors être moins enclins à respecter le protocole, en laissant par exemple les participants qui ont reçu un paiement peu élevé effectuer un second tirage, de sorte que ce qui semble « juste » aux yeux du personnel de terrain nuit en réalité à la recherche.12
Mise en pratique des mesures de protection éthique pour le personnel de recherche
- Bien que les incidents violents soient très rares, il est important de veiller à ce que le personnel soit préparé aux pires éventualités et sache où trouver de l’aide. Abordez la question de la violence lors de la formation des enquêteurs afin de limiter les risques de détresse sur le terrain, et donnez-leur l’occasion de parler de leur propre expérience en la matière, le cas échéant (Ellsberg & Heise 2002).
- Enseignez au personnel de terrain des stratégies de désescalade et des techniques de base d’autodéfense.
- Proposez régulièrement des sessions de débriefing et de soutien psychologique individuel lorsque le personnel est confronté à des traumatismes et à des violences (Ellsberg & Heise 2002).
- Expliquez l’importance de respecter les protocoles d’échantillonnage ou d’assignation de traitement aux membres du personnel dans des termes qu’ils comprennent, afin de préserver leur motivation et leur engagement. À ce titre, il peut être utile de souligner qu’une étude mal exécutée risque de n’avoir aucun bénéfice et que, dans ce cas, tous les efforts des sujets et des enquêteurs auront été vains.
- Fournissez aux enquêteurs une liste de points à aborder et des explications claires pour les procédures qui sont susceptibles de heurter les participants ou de leur sembler injustes. Le personnel de terrain sera ainsi en mesure d’expliquer et de justifier plus facilement son travail.
Autres populations : prendre en compte la communauté
Selon le type de protocole de recherche, les personnes qui risquent de subir des préjudices ne sont pas nécessairement celles qui participent à l’étude. Dans la mesure où les IRB et la réglementation se concentrent sur les participants de l’étude (ceux dont les données sont utilisées dans le cadre de la recherche ou qui bénéficient de l’intervention étudiée), il est particulièrement important que l’équipe de recherche réfléchisse attentivement aux autres personnes qui sont susceptibles d’être affectées par la recherche et qu’elle prenne des mesures pour les protéger contre toute forme de préjudice. Cette démarche est particulièrement importante dans les cas où il n’est pas possible de recueillir le consentement de toutes les personnes susceptibles d’être affectées par la recherche, par exemple parce qu’elles sont difficilement identifiables.
Les protocoles de recherche ou l’enquête peuvent générer des effets de diffusion dans le reste de la communauté. Par exemple, dans un groupe de discussion, une conversation portant sur les membres de la communauté qui sont riches ou pauvres peut révéler des informations sur des ménages qui ne participent pas à l’étude, informations que ces ménages auraient peut-être préféré ne pas dévoiler. Il est important de réfléchir en amont à la manière dont les protocoles de l’étude peuvent être conçus pour limiter les éventuelles retombées négatives. Dans l’exemple ci-dessus, on pourrait par exemple faire signer des accords de confidentialité aux participants du groupe de discussion, ou opter pour des entretiens individuels plutôt que pour des conversations de groupe. Notons également que, dans ce cas, les ménages affectés par les effets de diffusion peuvent être des participants à l’étude et qu’à ce titre, ce risque de préjudice doit également être évalué par l’IRB.
Les effets de diffusion peuvent également être provoqués par l’intervention. Par exemple, un programme d’aide à la recherche d’emploi peut avoir des retombées négatives sur les non-participants, qui doivent faire face à une concurrence accrue dans le cadre de leur recherche d’emploi. Dans cette situation, les exigences en matière d’éthique et de qualité de la recherche se rejoignent. Si l’on s’attend à des effets de diffusion importants, l’étude doit être conçue de façon à les mesurer pour pouvoir comprendre l’impact global de l’intervention13, car la prise en compte des effets de diffusion peut radicalement modifier l’effet (et le rapport coût-efficacité) d’une intervention14. Cela signifie que la recherche doit inclure comme sujets d’étude les personnes qui risquent d’être concernées par les effets de diffusion. C'est d’autant plus important si les effets de diffusion attendus sont susceptibles d’être négatifs. S’il n’est pas possible de mesurer ces effets, les chercheurs doivent sérieusement s’interroger sur le bien-fondé de l’étude.
Communication des résultats
La façon dont les résultats sont interprétés, utilisés ou mis en application peut avoir des répercussions sur l’impact éthique global de l’étude. Bien que les chercheurs n’aient pas de contrôle direct sur les décisions ou les politiques mises en œuvre sur la base des résultats de la recherche, ils peuvent prendre des mesures pour s’assurer que ces résultats sont communiqués aux publics non-universitaires concernés de façon à les rendre accessibles, tant en termes de niveau que de plateforme. Ces mesures sont d’autant plus importantes lorsque les résultats sont difficiles à interpréter, comme dans le cas d’études dont les résultats sont nuls ou les mécanismes complexes, ou qui concernent un sujet sensible ou une population vulnérable.
Asiedu et al. (2021) suggèrent de joindre à leurs publications une annexe éthique structurée pour partager de manière proactive les ramifications éthiques de la recherche. Le cadre qu’ils proposent permet aux auteurs d’aborder la question de l’équipoise politique15, les inconvénients potentiels et prévisibles de la recherche pour les participants, les non-participants et le personnel de recherche, les dispositions prises pour fournir un retour d’information aux participants, la liberté intellectuelle des chercheurs et le rôle de ces derniers dans la conception du protocole de recherche.
Mesures proactives pour une communication éthique à propos de la recherche
- Veillez à ce que l’étude soit bien conçue et dotée d’une puissance suffisante : cela limite le risque que les résultats soient mal interprétés, utilisés pour étayer des arguments contradictoires, voire cités pour donner à entendre que le désaccord entre les experts sur une question donnée est plus important qu’il ne l’est vraiment.16
- Choisissez un partenaire qui a notamment pour objectif, en participant à l’étude, de tirer parti des résultats de la recherche pour prendre des décisions éclairées.
- Informez clairement le partenaire de ce que l’étude va permettre de mesurer afin d’ajuster ses attentes dès le départ. En plus d’être des décideurs clés qui vont déterminer s’il faut agir sur la base des résultats de l’étude (et comment), il est possible que les partenaires soient en relation avec d’autres décideurs clés. Leur expliquer clairement comment interpréter les résultats peut donc avoir des effets bien au-delà du partenaire lui-même (Glennerster & Powers 2016).17
- Envisagez de produire une version condensée et accessible des résultats qui puisse être diffusée au grand public et à d’autres parties prenantes. Une foire aux questions (FAQ) peut notamment être un moyen utile de communiquer les résultats, et il est également important de collaborer avec les médias pour s’assurer que le message public reflète bien les résultats de la recherche (Rao 2018).
- Envisagez de communiquer les résultats de la recherche aux participants ou aux communautés impliquées dans l’étude.
- Envisagez de répondre aux questions attendues dans une annexe déontologique jointe au document de travail/à l’article de recherche publié (Asiedu et.al. 2021)
Éthique et recherche au sein de J-PAL
J-PAL œuvre pour faire reculer la pauvreté en veillant à ce que les politiques sociales s’appuient sur des preuves scientifiques, et aspire à ce que les recherches menées en son sein soient, à terme, utiles aux communautés qui y participent. L’éthique de la recherche est donc au cœur de la mission de J-PAL, et il est de la plus haute importance que chaque étude soit menée dans le respect des principes éthiques, du début jusqu’à la fin.
Pour nous en assurer, nous avons adopté un certain nombre de mesures proactives dans l’ensemble de nos bureaux. Ces mesures sont en premier lieu les exigences intégrées à nos Protocoles de recherche (voir ci-dessous), qui doivent être respectées dans le cadre de chaque projet financé ou mis en œuvre par J-PAL. Les projets menés par les bureaux de J-PAL font l’objet d’audits réguliers afin de contrôler le respect de ces protocoles.
Les membres affiliés et les chercheurs invités de J-PAL sont également tenus d’adhérer au code de conduite de J-PAL ainsi qu’à celui de leur établissement d’origine. Des liens vers des ressources supplémentaires en matière d’éthique de la recherche sont disponibles sur la page Pour les chercheurs affiliés, et les chercheurs peuvent aussi faire appel à l’expertise de nos équipes locales.
Formation à l’éthique pour le personnel de recherche
À tous les niveaux de l’organisation, le personnel de recherche veille à ce que les Protocoles de recherche soient respectés tout au long du cycle de vie du projet. Lorsqu’ils sont embauchés, tous les membres du personnel de J-PAL suivent une formation à la recherche sur des sujets humains approuvée par l’IRB du Massachusetts Institute of Technology18. Les nouveaux membres des équipes de recherche de J-PAL participent également à une semaine de formation pour le personnel de recherche organisée conjointement avec IPA, qui présente les Protocoles de recherche de J-PAL et inclut notamment des conférences détaillées et concrètes sur l’éthique de la recherche (ressource interne de J-PAL), les IRB, la gestion des équipes sur le terrain et la sécurité des données.
Principes éthiques applicables à l’élaboration et à la mise en œuvre des projets
Les Protocoles de recherche de J-PAL exigent que tous les projets obtiennent l’approbation d’un IRB et respectent l’ensemble des procédures sanctionnées par cet IRB. Cela implique notamment de mettre en place une procédure de recueil du consentement éclairé ou d’obtenir une dispense explicite de consentement pour toute collecte de données.
La formation des enquêteurs doit aborder de façon approfondie les procédures de recueil du consentement éclairé, et les enquêteurs signent des certificats de confidentialité avant le début du travail sur le terrain. Si nécessaire, la formation des enquêteurs peut également inclure des modules tels que la formation à la désescalade et des instructions spécifiques pour les entretiens portant sur des sujets sensibles.
Un certain nombre de ressources sont également mises à la disposition du personnel et des enquêteurs, comme par exemple une assistance pour les personnes qui mènent des entretiens très éprouvants sur le plan émotionnel. Pour plus de détails sur ces pratiques, voir les guides de J-PAL sur la gestion des équipes de terrain et sur le recrutement et la formation des enquêteurs.
Bien que les chercheurs principaux soient responsables en dernier ressort de la conception de leurs projets de recherche, le personnel et les enquêteurs de J-PAL sont à leur disposition pour leur fournir des conseils sur le contexte culturel concerné, et nous travaillons en étroite collaboration avec les partenaires locaux pour veiller à ce que la voix des communautés soit entendue, à ce que les questions soient formulées dans le respect de la culture locale, et à ce que les projets tiennent compte du contexte de la région.
Protection des données personnelles
J-PAL met l’accent sur la sécurité des données à toutes les phases du cycle de vie du projet et apporte son soutien aux projets et aux affiliés de J-PAL à cet effet. Les Protocoles de recherche de J-PAL contiennent des indications explicites sur les mesures à prendre pour protéger les données des participants. Les conférences sur la sécurité des données (ressource interne de J-PAL) et les ateliers de travaux pratiques organisés dans le cadre de notre formation annuelle pour le personnel de recherche donnent aux équipes des projets les outils nécessaires pour mettre en place des processus d’analyse des flux de données, isoler les données d’identification personnelle des données principales le plus tôt possible, et chiffrer toutes les données personnelles, en particulier lorsqu’elles sont partagées via un service cloud, à l’aide de logiciels comme Veracrypt et Boxcryptor. Une fois la collecte des données terminée, le personnel doit supprimer toutes les données des appareils utilisés pour l’enquête afin d’éviter tout accès accidentel à des informations confidentielles.
J-PAL assiste également les chercheurs affiliés dans la préparation des données en vue de leur publication sur des plateformes comme le Datahub for Field Experiments in Economics and Public Policy de J-PAL et IPA. Une étape importante de ce processus consiste à supprimer ou à masquer les éléments d’identification directe et indirecte, conformément aux procédures décrites dans le guide de J-PAL sur la désidentification des données. Pour plus d’informations sur la sécurité des données, veuillez consulter nos guides sur la sécurité et la publication des données.
Engagement de J-PAL pour une recherche éthique
Le personnel et les bureaux de J-PAL ont mis en place des procédures internes pour l’approbation et le lancement des projets qui garantissent le respect des critères établis par les IRB. Ainsi, le bureau d’Asie du Sud ne commence à travailler sur un projet qu’après avoir reçu la preuve écrite de sa validation par l’IRB. Plusieurs bureaux ont également conseillé des établissements locaux sur la mise en place de comités d’évaluation éthique ou ont directement soutenu la création d’un IRB. Tous les projets financés par J-PAL relèvent de la compétence de l’IRB du MIT et doivent être soit examinés par cet IRB, soit officiellement confiés à un autre IRB accrédité aux États-Unis.
Last updated October 2022.
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Ce document a été traduit de l’anglais par Marion Beaujard.
Nous remercions William Pariente, Claire Walsh et Sabhya Gupta pour leurs suggestions et commentaires précieux. Ce document a été mis en page par Evan Williams et traduit de l’anglais par Marion Beaujard. Toute erreur ou omission est de notre fait.
Voir notamment Sussman (2021) pour découvrir en quoi le fait d’exclure les femmes enceintes des essais vaccinaux peut limiter nos connaissances concernant les effets indésirables des vaccins concernés.
Additional Resources
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