Prévenir l’abandon scolaire parmi les filles : propositions issues de la recherche académique

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A young student in class
A young student in class at Madina III School in Niamey, Niger, April 2017
Photo: GPE/Kelley Lynch

This post was originally posted on the blog of the Global Partnership for Education (GPE).

La pandémie de COVID-19 menace d’accroître les défis existants en matière d’abandon scolaire, surtout pour les filles.

À la fin du mois d’avril, 85 % des élèves au monde étaient à la maison en raison de la fermeture des écoles. Même après la réouverture des établissements scolaires, les parents, surtouts dans des contextes à faible revenu, pourraient ne pas avoir les moyens financiers nécessaires pour envoyer leurs enfants à l’école, ou même être hésitants à cause des risques sanitaires, réduisant ainsi la participation scolaire.

L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest il y a quelques années nous a rappelé que les filles sont davantage concernées par les risques d’abandon (voir la discussion sur ce point au cours du webinaire). Les grossesses précoces parmi les filles adolescentes ainsi que le rôle traditionnel de soutien aux tâches ménagères, et la préférence des parents à investir dans l'éducation des garçons, augmentent le risque d’abandon (webinaire).

Plusieurs pays ont mis en place, ou renforcé, des mesures pour éviter l’abandon des filles lors de la rentrée scolaire. Par exemple, la Côte d’Ivoire a renforcé la stratégie nationale de réintégration des filles enceintes, conjointement avec l’implémentation du programme "Pour Chaque Fille, Le Droit à l’Education".

Au regard de l’intérêt pour ce sujet, J-PAL, avec le Gender Innovation Lab de la Banque Mondiale et le Ministère de l'Éducation Nationale, de l'Enseignement Technique et la Formation Professionnelle (MENET-FP) de la Côte d’Ivoire ont organisé un webinaire destiné aux acteurs du secteur de l’éducation en Afrique Francophone.

Dr. Pascaline Dupas, chercheuse affiliée à J-PAL et Professeur d’Economie à l’Université de Stanford, et renommée pour ses travaux dans le secteur de l’éducation, a décrit certaines interventions évaluées qui ont eu pour résultat l’augmentation du taux d’inscription scolaire.

Dr. Dupas a mis en exergue que la scolarisation peut, fondamentalement, être considérée comme un investissement de la part des parents et des élèves. Dans cette perspective, agir sur l’équilibre coûts/bénéfices pourrait amener à une amélioration dans le taux de scolarisation des filles.

S’agissant de la réduction des coûts, il a été souligné que les interventions qui fournissent un appui économique sous forme de transfert en argent ou en nature peuvent augmenter le taux de scolarisation. Par exemple, les bourses scolaires, les transferts pour le coût des uniformes, ainsi que la distribution de vélos pour les filles habitants loin de l’école ont eu des impacts positifs.

En plus, certaines interventions visant à rendre moins souhaitable les alternatives à l’éducation comme le mariage et les grossesses précoces, peuvent aussi avoir des résultats positifs. Voici deux exemples :

  • Malgré les efforts pour rendre les frais scolaires gratuits dans plusieurs pays, il y a souvent des couts cachés liés à l’éducation, comme les cahiers scolaires, qui créent des barrières à l’éducation. Au Kenya, la fourniture de deux uniformes par an ($12) pendant trois ans d’école secondaire a réduit le taux d’abandon scolaire de 19 % à 16 % et a réduit le taux de grossesse de 16 % à 13 % parmi les adolescentes (Dupas et al., 2015).
  • La décision d’investir dans l’éducation dépend souvent aussi des alternatives disponibles aux enfants, comme le mariage et le travail. Changer l’équilibre coût/bénéfices des alternatives à l’éducation peut aussi avoir un impact positif sur le taux de scolarisation. Au Bangladesh, fournir 16 dollars d'huile pour cuisiner aux parents, à condition que leur fille ne se marie pas avant 18 ans, a augmenté la probabilité de scolarisation de 25 %, réduit la probabilité d’être mariée avant 18 ans de 24 %, et réduit la probabilité d’une grossesse avant 20 ans de 15 % (Buchmann et al., 2018).

S’agissant des bénéfices liés à la scolarisation, Dr. Dupas a mis en avant des interventions dont l’évaluation d’impact a changé la perception des parents et des interventions visant à augmenter l’autonomie des filles dans leurs prises des décisions ayant trait à leur propre éducation.

  • Dans des contextes où les filles veulent poursuivre leurs études, mais les parents y voient peu d'intérêt, enseigner des techniques de négociation peut amplifier la voix des filles et augmenter leur taux de scolarisation. En Zambie, un cours de négociation de 12 heures pour les filles adolescentes a augmenté le taux d’enregistrement scolaire de 42 % à 47 % (Ashraf et al., 2019).

Avec plus de 70 participants issus de 14 pays, le webinaire a souligné la richesse des expériences sur le continent africain. Du ministère de l’Éducation nigérien qui a insisté sur sa gestion des filles nomades habitant loin des écoles, aux participants malgaches qui sont revenus sur le soutien aux filles dans les zones urbaines à bas revenu plus durement affectées par le COVID, la discussion a souligné la diversité des défis en termes de scolarisation des filles.

En effet, les interventions décrites par Dr. Dupas doivent être adaptés à des nouveaux contextes, selon les nécessités et les conditions locales, suivant les étapes décrites dans le ‘Cadre de Généralisabilité’ développé, au sein de J-PAL, par Rachel Glennerster et Mary Ann Bates.

J-PAL appuie les gouvernements dans la mise en œuvre des politiques publiques fondées sur les preuves. Notre valeur ajoutée se situe notamment dans le partage des preuves acquises à l’internationale, la contextualisation de celles-ci pour différents pays, et l’assistance technique dans la mise en place des interventions basés sur les preuves.

Merci de nous contacter pour plus d’informations : https://www.povertyactionlab.org/page/contact-j-pal-africa