Informer les élèves et les parents pour améliorer les acquis d’apprentissage
Résumé
Bien que la scolarisation progresse dans le monde entier, de nombreux enfants ont encore des difficultés à maîtriser les compétences fondamentales. Par exemple, en 2018, le rapport annuel sur l’état de l’éducation en Inde (Annual Status of Education Report, ou ASER) constatait que seule la moitié des élèves de CM2 des zones rurales du pays étaient capables de lire un texte de niveau CE1 [3]. Des évaluations ont obtenu des résultats similaires dans de nombreux autres pays [28]. Un certain nombre de programmes tentent de remédier à ce défaut d’apprentissage en facilitant l’accès des parents et des élèves à des informations pertinentes (sur le rôle des parents dans l’éducation, la qualité des établissements scolaires, le niveau scolaire des élèves, leurs problèmes de santé, les aides financières existantes, ou encore le rendement salarial de l’éducation).
Les résultats de 23 évaluations aléatoires menées dans des pays à revenus faibles, intermédiaires et élevés montrent que combler un manque de connaissances en matière d’éducation permet souvent d’accroître l’engagement parental, les efforts des élèves, ou les deux, ce qui entraîne une amélioration des acquis d’apprentissage. Parmi les programmes évoqués dans ce document, presque tous ont renforcé l’implication des parents ou la motivation des élèves, ce qui a eu des effets positifs de petite à moyenne ampleur sur l’apprentissage. En revanche, les campagnes d’information n’ont pas amélioré le niveau d’apprentissage lorsqu’il existait des obstacles d’ordre sanitaire, financier ou structurel que les informations seules ne permettaient pas de surmonter, ou lorsque les informations étaient décourageantes, plutôt qu’encourageantes, pour les élèves.
Dans la mesure où les programmes d’information sont généralement très peu coûteux et ont prouvé leur efficacité dans de nombreux contextes, les décideurs politiques qui souhaitent améliorer les acquis d’apprentissage doivent se demander s’il existe des lacunes dans les connaissances des parents ou des élèves qui pourraient être comblées par ce type d’intervention.
Résultats
Fournir aux parents des conseils clairs et exploitables pour les aider à s’impliquer davantage dans la scolarité de leur enfant a contribué à améliorer les acquis d’apprentissage des élèves. Si l’apprentissage des élèves s’améliore généralement à mesure qu’augmente l’engagement parental, les parents ignorent souvent comment s’impliquer pleinement à la maison. Certains programmes remédient à ce problème en envoyant aux parents des conseils pratiques, notamment des suggestions d’activités spécifiques ou d’autres types de conseils courts et simples, souvent par SMS. Un programme mis en œuvre aux États-Unis envoyait aux parents d’élèves de maternelle trois SMS hebdomadaires contenant des idées rapides pour soutenir l’apprentissage de leur enfant, le plus souvent en intégrant une petite opportunité éducative à une activité quotidienne [30]. Ce programme a renforcé l’implication des parents (consistant notamment à raconter des histoires aux enfants, à leur chanter des comptines, à leur montrer des livres, etc.) de 0,15 à 0,29 écart-type et a amélioré de 0,11 écart-type les résultats des enfants à un test d’alphabétisation. En outre, les notes des élèves dont les résultats étaient initialement les plus faibles ont augmenté de 0,31 écart-type [30]. Un programme similaire a permis d’améliorer de 0,21 à 0,29 écart-type la compréhension de l’écrit chez des élèves de CE2 et de CM1 [20]. En revanche, le programme n’a pas eu d’impact sur les élèves de CP et de CE1, peut-être parce que les conseils envoyés étaient conçus pour soutenir les élèves qui maîtrisaient déjà les bases de la lecture et de l’écriture [20]. Un programme mis en œuvre aux États-Unis a constaté que l’effet de ces SMS était plus marqué si on en personnalisait le contenu en fonction du niveau des élèves, un constat qui rejoint les conclusions d’un corpus plus large de données relatives à la personnalisation de l’enseignement pour améliorer l’apprentissage. Les parents qui ont reçu des SMS ciblés ont ainsi déclaré faire davantage d’activités de lecture et d’écriture [14]. De ce fait, leurs enfants étaient 1,47 fois plus susceptibles de passer au niveau supérieur en lecture par rapport aux élèves dont les parents n’avaient reçu aucun message [14].
Le calendrier d’envoi des SMS est un aspect important de la conception de ce type de programme : aux États-Unis, une intervention s’est avérée moins efficace lorsque les parents recevaient des SMS soit trop fréquemment, soit trop rarement [11]. Il s’est par ailleurs révélé plus efficace d’envoyer des SMS pendant le week-end que pendant la semaine, les parents qui travaillent pouvant être trop occupés en semaine pour profiter pleinement des suggestions [12].
Contrairement aux programmes d’envoi de SMS, une intervention mise en œuvre en France, qui consistait à organiser trois réunions de deux heures pour les parents des élèves de sixième afin de leur expliquer comment s’impliquer davantage dans la scolarité de leur enfant, a renforcé l’implication parentale mais n’a pas amélioré les résultats scolaires [5]. En revanche, suite à l’intervention, les élèves présentaient une attitude plus positive et étaient moins souvent absents en cours [5].
Fournir aux parents des statistiques sur les performances des établissements scolaires a augmenté l’engagement parental et amélioré les acquis d’apprentissage. Les parents manquent souvent d’informations sur la qualité des établissements scolaires, dont ils ont pourtant besoin pour choisir une école en toute connaissance de cause ou pour savoir quand exiger une amélioration de la qualité de l’enseignement. Deux interventions qui fournissaient aux parents des fiches d’évaluation indiquant les résultats moyens de chaque école ont toutes deux permis d’améliorer l’apprentissage. Au Chili, un dispositif qui distribuait aux parents d’élèves de maternelle des fiches d’évaluation des écoles (ainsi qu’une vidéo expliquant l’importance du choix de l’établissement) a amélioré les résultats des enfants aux tests de mathématiques et de langage de 0,22 écart-type pour les enfants qui n’étaient pas encore scolarisés au moment de l’intervention [1]. Selon les chercheurs, c’est parce que le programme a permis aux parents de prendre conscience de l’importance de sélectionner une école de qualité pour leur enfant, mais aussi de leur propre rôle dans cette démarche [1]. Dans la province pakistanaise du Pendjab, la distribution de fiches d’évaluation des écoles a fait augmenter de 0,11 écart-type les résultats moyens des écoles participantes, ce qui représente un gain supplémentaire de 42 % par rapport aux villages témoins [2]. Dans les établissements où l’apprentissage des élèves s’est amélioré, les parents se sont par ailleurs impliqués davantage dans la vie de l’école. Les chercheurs supposent que cette implication accrue des parents s’est traduite par une pression plus forte sur les écoles, ce qui pourrait avoir joué un rôle important en augmentant les investissements en faveur de la qualité de l’enseignement, améliorant ainsi les résultats scolaires [2].
Informer les parents des performances scolaires de leur enfant a permis d’améliorer l’apprentissage. Huit programmes mis en œuvre au Bangladesh [17], au Chili [10], au Mozambique [26], au Pakistan [2] et aux États-Unis [7] [8] [21] [9] ont amélioré les acquis d’apprentissage en informant les parents d’élèves des résultats scolaires actuels de leur enfant. En Colombie, un neuvième programme [6] a également eu un impact positif sur l’apprentissage, qui s’est toutefois estompé au fil du temps. Ces programmes transmettaient différents types d’informations aux parents : huit d’entre eux [10] [2] [6] [7] [8] [21] [9] [17] leur communiquaient les résultats scolaires de leur enfant, trois d’entre eux [10] [8] [26] leur fournissaient des informations sur l’assiduité, deux [10] [21] sur le comportement, et deux [7] [8] sur les devoirs manquants. Les effets de ces huit programmes se sont traduits par une augmentation de 0,10 à 0,38 écart-type des scores obtenus par les élèves aux tests [8] [17], une augmentation de 0,09 à 0,19 écart-type des notes des élèves [10] [7], et une diminution de 28 à 41 % du nombre de notes éliminatoires [8] [21]. Plusieurs programmes ont également eu des effets autres que purement scolaires, notamment une augmentation de l’assiduité [8] [26] et une réduction des problèmes de comportement [10].
De nombreux chercheurs ont noté que les effets sur l’apprentissage étaient probablement dus à un changement de comportement des parents, qui à son tour a contribué à améliorer les efforts des élèves ou la qualité de l’enseignement scolaire. Six programmes ont ainsi constaté une hausse de l’engagement parental [6] [8] [7] [17] [21] [2] [10], qui s’est notamment traduite par une augmentation du nombre de réunions parents-enseignants [6], de la fréquence à laquelle les parents contactaient l’école [8] [7], et du temps passé à aider les enfants à faire leurs devoirs [17]. Les parents déclaraient également s’être mis à punir leur enfant en cas de mauvaises notes [7] et avoir modifié le contenu de leurs conversations avec leurs enfants pour insister davantage sur ce que ces derniers pouvaient améliorer à l’école [21].
Les décideurs politiques qui envisagent de mettre en place un programme d’information parentale doivent garder à l’esprit un certain nombre de caractéristiques de mise en œuvre. Les programmes ci-dessus transmettaient les informations aux parents par SMS [10] [7] [8] [21] [9], sous forme de bulletins scolaires à rapporter à la maison [2] [26], par e-mail [7] [21], par téléphone [7] [21], ou dans le cadre de brefs rendez-vous en personne [17]. Si toutes ces méthodes de diffusion sont relativement simples, il ne faut cependant pas oublier qu’elles nécessitent d’avoir les coordonnées des parents (souvent un numéro de téléphone ou une adresse électronique). Ces informations sont généralement déjà recueillies par les établissements scolaires, mais les enseignants ou le personnel administratif peuvent également les collecter en début d’année scolaire si ce n’est pas le cas. Par ailleurs, dans les régions où le taux d’alphabétisation des adultes est faible, le niveau d’alphabétisation des parents peut constituer un obstacle. Dans ce cas, il peut être plus judicieux d’opter pour des appels téléphoniques ou de brèves rencontres en personne. Dans certaines zones, des problèmes de couverture des réseaux mobiles, Internet ou électriques peuvent également empêcher les parents de recevoir des messages par téléphone ou par e-mail. Il appartient alors aux écoles de déterminer la méthode la plus fiable pour transmettre l’information aux parents. Enfin, outre le choix de la méthode de diffusion, les écoles doivent également collecter les données nécessaires pour alimenter le contenu des messages. Cela suppose que les établissements disposent d’un système pour suivre et enregistrer les absences des élèves, les devoirs rendus en retard, les progrès scolaires et/ou le comportement en classe.
Une autre caractéristique importante de ce type de programme est son coût extrêmement abordable. En effet, une fois le système initial mis en place, presque tous les programmes se sont révélés très peu coûteux [10] [26]. Par exemple, aux États-Unis, un programme a indiqué dépenser 0,002 USD par SMS [8], un autre au Pakistan a rapporté dépenser 1 USD par enfant et par an [2], tandis qu’un autre encore au Bangladesh a dit avoir dépensé 1,58 USD par élève sur une période de deux ans [17].
Les programmes d’information sur la santé aident parfois les parents à améliorer l’état de santé et les capacités d’apprentissage de leur enfant, mais seulement si les parents comprennent les informations fournies et ont les moyens de prendre les mesures nécessaires. L’état de santé des enfants est étroitement lié à leur capacité d’apprentissage.1 Cependant, bien souvent, fournir aux parents des renseignements sur l’état de santé de leur enfant n’a pas suffi à améliorer celui-ci : sur cinq initiatives de ce type, la santé et l’apprentissage ne se sont améliorés que lorsque la campagne d’information s’accompagnait d’une intervention complémentaire. Il est possible que les campagnes d’information seules n’aient pas suffi parce que l’importance des renseignements fournis n’avait pas été communiquée aux parents, ou parce que ces derniers n’avaient pas les moyens de prendre les mesures nécessaires.
Dans la province chinoise du Shaanxi, des initiatives consistant à informer les parents d’élèves de l’état d’anémie de leur enfant ou des méthodes de prévention de l’anémie n’ont eu qu’un effet très limité, voire aucun effet, sur la santé [23] [27]. Par conséquent, ces programmes n’ont pas non plus eu d’effet sur l’apprentissage [23] [27]. Ce résultat s’explique peut-être par le fait que les parents n’avaient pas les moyens d’augmenter l’apport en fer de leur enfant en réaction à ces informations, que ce soit par manque de ressources ou parce que leurs enfants étaient scolarisés en internat et recevaient donc l’essentiel de leur alimentation à l’école [23]. De même, dans la région chinoise du Ningxia, les enfants dont les parents recevaient des messages hebdomadaires de prévention de l’anémie n’ont pas vu leur taux de fer augmenter et n’ont pas non plus obtenu de meilleurs résultats aux tests de mathématiques [24].
En revanche, deux programmes qui fournissaient des informations sur la santé accompagnées d’une intervention complémentaire ont permis d’améliorer les acquis d’apprentissage. Aux États-Unis, si le dépistage gratuit des troubles de la vue n’a eu aucun effet sur l’apprentissage, les élèves ont obtenu de meilleurs résultats aux examens lorsque, en plus de ce dépistage, des lunettes étaient fournies à ceux qui en avaient besoin [15]. En Chine, une version plus intensive du programme de lutte contre l’anémie dans la région du Ningxia a permis d’améliorer l’état de santé général des élèves. En effet, les enfants dont les parents recevaient à la fois des SMS hebdomadaires sur la prévention de l’anémie et des quiz mensuels sur les informations abordées ont obtenu des résultats supérieurs de 0,14 écart-type aux examens de mathématiques et étaient plus concentrés en classe, peut-être parce que leurs parents avaient mieux mémorisé les informations ou les avaient perçues comme plus importantes et avaient donc agi en conséquence [24]. Les décideurs politiques doivent donc se demander si les parents vont bien saisir l’importance des informations qui leur seront fournies et s’ils seront en mesure d’agir en conséquence, car des obstacles autres que le manque d’information (notamment les contraintes financières ou l’éloignement physique) jouent également un rôle important. Pour plus d’informations sur l’amélioration de l’apprentissage par le biais de programmes de santé scolaire, voir ici.
Fournir des informations sur les aides financières a peu de chances d’améliorer l’apprentissage si l’on ne s’attaque pas également à d’autres obstacles. Bien souvent, les élèves ne sont pas au courant des aides financières disponibles, ni des conditions à remplir pour en bénéficier. Trois programmes mis en œuvre au Chili, en Chine et au Mexique consistaient à informer les élèves des possibilités d’aide financière. Cependant, seul le programme mexicain a permis d’améliorer l’apprentissage, peut-être parce qu’il était le seul à fournir par ailleurs des informations supplémentaires pour inciter les élèves à améliorer leurs performances scolaires.
Au Chili, un élève issu de la tranche de revenus la plus élevée a 45 points de pourcentage de plus de chances d’être inscrit dans l’enseignement supérieur qu’un élève appartenant à la tranche de revenus la plus basse [13]. Un programme mis en œuvre dans ce pays consistait à montrer une vidéo aux élèves de quatrième issus de milieux défavorisés pour leur présenter les bourses d’études existantes et leur expliquer qu’en travaillant plus dur et en obtenant de meilleures notes, ils pouvaient être éligibles à ces aides [13]. Si la vidéo a augmenté l’assiduité des élèves, elle n’a eu aucun effet sur leurs notes [13]. De même, en Chine, jusqu’à un quart des élèves issus de familles à faibles revenus ne terminent pas le collège, contre moins de 3 % des élèves issus de milieux aisés [29]. Une campagne d’information a donc été expérimentée dans le pays pour informer les élèves de cinquième des aides financières existantes en s’engageant à les verser pendant les trois années de lycée [29]. Cependant, ces connaissances n’ont pas suffi à améliorer les résultats des élèves en mathématiques ni à réduire le taux d’abandon scolaire [29]. Dans les deux cas, il aurait peut-être été nécessaire de mettre en place des mesures de soutien complémentaires, telles qu’un enseignement de meilleure qualité ou l’allocation de ressources supplémentaires aux écoles, pour que la campagne d’information se traduise par une amélioration de l’apprentissage. Les chercheurs ont noté qu’en Chine plus particulièrement, le système scolaire est tellement compétitif qu’un très bon niveau scolaire est un critère plus important que la capacité à financer les études [29] : il ne suffit pas de savoir qu’il est financièrement possible d’aller au lycée pour que ce soit faisable du point de vue académique. Ce constat souligne à quel point il est important de tenir compte des facteurs contextuels pour évaluer la pertinence de ces programmes.
En revanche, un programme mis en œuvre au Mexique, qui consistait à fournir des informations sur les bourses d’études dans l’enseignement supérieur, a permis d’améliorer de 0,31 écart-type les résultats des élèves aux examens [4]. Si ce programme a eu un impact positif, c’est peut-être parce qu’il fournissait également des informations sur le rendement de l’éducation (voir ci-dessous). Ces connaissances supplémentaires ont peut-être renforcé la motivation des élèves, élément qui n’était pas présent dans les autres programmes.
Les décideurs politiques qui envisagent de mettre en place une campagne d’information sur les aides financières doivent garder à l’esprit que ces programmes sont généralement très peu coûteux [4]. Cependant, ils doivent également se demander si les élèves vont être en mesure d’agir sur la base des informations fournies, et si des ressources supplémentaires ou des informations complémentaires seraient susceptibles d’améliorer l’efficacité du programme envisagé.
Fournir des informations sur le rendement financier de l’éducation a permis d’améliorer les acquis d’apprentissage. Dans de nombreux contextes, la poursuite de la scolarité est associée à une augmentation du salaire futur. Comme dans le cas des aides financières, toutes les familles ne sont pas au courant du rendement financier de l’éducation. Si les parents sous-estiment ces bénéfices, ils peuvent être moins disposés à payer les frais de scolarité ou à faire des recherches sérieuses pour trouver un établissement de qualité. De même, si les élèves sous-estiment le rendement de l’éducation, ils risquent de consacrer moins d’efforts à leur travail scolaire. En outre, les campagnes d’information sur le rendement de l’éducation sont généralement des interventions très peu coûteuses [4] [1] [25].
Trois programmes dans le cadre desquels les parents [1], les élèves [4], ou les deux [25] étaient informés du rendement salarial moyen de différents niveaux d’études ont tous permis d’améliorer l’apprentissage. Dans certains cas, les élèves ont été incités à travailler davantage [4]. Au Mexique, un programme présentait aux élèves les revenus moyens des personnes ayant terminé le lycée, qui étaient supérieurs aux estimations des élèves [4]. Comme indiqué plus haut, le programme présentait également les aides financières existantes [4]. Les résultats de ces élèves ont augmenté de 0,31 écart-type par rapport à ceux des élèves qui n’avaient pas reçu d’informations [4]. Un autre programme mis en œuvre à Madagascar informait les élèves des revenus moyens associés à différents niveaux d’études et de la hausse des revenus que l’on pouvait attendre d’un niveau d’études plus élevé [25]. Quelques mois plus tard, les élèves qui avaient reçu ces informations ont obtenu aux examens des résultats supérieurs de 0,20 écart-type à ceux des élèves témoins [25]. Les élèves qui ont appris que le rendement de l’éducation était plus élevé qu’ils ne le pensaient ont même obtenu des résultats supérieurs de 0,37 écart-type à ceux des élèves témoins [25]. Selon l’hypothèse des chercheurs, ces progrès s’expliquent par une augmentation du travail fourni par les élèves. En effet, les élèves mexicains ont fait état d’une augmentation de 0,24 écart-type de leur travail à l’école [25] [4]. Bien que tous les élèves du programme mexicain aient intensifié leurs efforts, seuls les élèves issus de milieux aisés et possédant déjà de solides compétences scolaires ont réussi à convertir ces efforts supplémentaires en une amélioration de leurs résultats aux examens [4]. Ce constat suggère que si l’information est importante, il existe également d’autres obstacles.
Le programme chilien mentionné plus haut (qui distribuait aux parents des fiches d’évaluation des écoles) a également permis d’améliorer l’apprentissage en fournissant des informations sur le rendement de l’éducation, mais en modifiant le comportement des parents plutôt que celui des élèves [1]. Ce programme montrait aux parents d’enfants d’âge préscolaire des vidéos sur le salaire des diplômés du supérieur et les encourageait à prendre très au sérieux le choix de l’école de leur enfant [1]. L’intervention indiquait également les résultats moyens obtenus par les différentes écoles aux examens [1]. Cinq ans plus tard, les élèves dont les parents ont attendu la fin du programme pour choisir leur établissement scolaire ont obtenu des résultats supérieurs de 0,22 écart-type aux examens [1]. Ces améliorations sont probablement liées au fait que le programme a motivé les parents à faire un choix éclairé pour sélectionner l’école de leur enfant, l’intervention les ayant également incités à choisir des établissements scolaires plus performants [1].
Les décideurs politiques noteront en outre que, selon d’autres études, le fait d’être informé du rendement de l’éducation a également permis d’améliorer l’assiduité [18] et a parfois, mais pas toujours [19], détourné les souhaits d’orientation des élèves des professions ou des diplômes post-secondaires offrant les perspectives de salaires les plus faibles [16]. Toutefois, il convient également de noter que fournir aux élèves des informations sur le rendement de l’éducation risque de ne pas motiver ces derniers dans les contextes où un niveau d’études plus élevé n’est pas systématiquement associé à une augmentation du rendement salarial.
En revanche, fournir des informations sur le rendement de l’éducation ne permet pas d’améliorer l’apprentissage dans les cas où les élèves ou les parents avaient surestimé les bénéfices de l’éducation, ou lorsque d’autres obstacles persistent. Tout comme le fait d’apprendre que le rendement de l’éducation est plus élevé que prévu motive généralement les élèves, le fait d’apprendre qu’il est plus faible que prévu peut avoir sur eux un effet désincitatif. Ainsi, le programme mis en œuvre à Madagascar n’a eu aucun effet ou un effet légèrement négatif sur l’apprentissage des élèves qui avaient surestimé le rendement de l’éducation [25]. En outre, présenter les bénéfices de l’éducation ne permet pas nécessairement d’améliorer l’apprentissage si le manque d’information n’est pas le principal obstacle à l’apprentissage des élèves. Par exemple, un programme chinois qui consistait à donner aux élèves de cinquième des informations sur le rendement financier de différents niveaux d’études n’a eu aucun effet sur l’apprentissage [22]. Selon les chercheurs, cela pourrait s’expliquer par le fait que de nombreux élèves avaient compris que l’enseignement qui leur était prodigué était de mauvaise qualité, mais aussi que, compte tenu du montant élevé des frais de scolarité, il leur était financièrement impossible de poursuivre leur scolarité, même si cela leur aurait permis d’obtenir un salaire plus élevé.
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