Augmenter le taux de scolarisation et l’assiduité scolaire: impacts selon le genre
Résumé
Malgré les avancées considérables réalisées en matière de participation scolaire globale, les filles en âge d’aller à l’école primaire sont toujours moins susceptibles d’être scolarisées que les garçons [1]. Lorsqu’on évalue des stratégies destinées à améliorer le taux de participation scolaire, il est donc important d’analyser les résultats selon le genre. Une publication récente de J-PAL qui fait la synthèse des évaluations aléatoires de 25 programmes visant à améliorer la participation scolaire propose des résultats désagrégés par genre. La plupart des programmes qui sont parvenus à améliorer la participation scolaire se sont avérés aussi efficaces, voire plus efficaces, pour les filles que pour les garçons. De manière générale, les programmes de ce type ont tendance à bénéficier davantage au genre dont l’assiduité est la plus faible avant le début de l’intervention.
Résultats
Réduire le coût de la scolarité et mieux sensibiliser la population aux bienfaits de l’école permet d’augmenter la participation scolaire des garçons comme celle des filles, celles-ci en bénéficient souvent plus que les garçons. Les résultats désagrégés par genre des études incluses dans la synthèse de J-PAL montrent que la plupart des programmes qui ont amélioré la participation scolaire d’ensemble ont été aussi efficaces, voire plus efficaces, pour les filles que pour les garçons. Sur les 25 programmes évalués dont les résultats ont été désagrégés par genre, 14 ne présentent aucune différence entre les garçons et les filles [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12], et 7 ont davantage augmenté l’assiduité des filles [2] [13] [14] [15] [16] [17]. Il s’agit toutefois de résultats à court terme. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les différences d’impact à long terme entre les genres.
Les programmes qui visent à accroître la participation scolaire ont tendance à bénéficier davantage au genre le plus défavorisé. Or, les taux de scolarisation et d’assiduité des filles sont généralement plus faibles que ceux des garçons. Cependant, dans deux cas, c’était chez les garçons que le taux d’assiduité de départ était le plus faible. Dans deux évaluations, les programmes, auxquels tous les élèves ont participé, ont davantage profité aux garçons qu’aux filles. En effet, au Nicaragua [18] et en Colombie [19], le taux d’assiduité des garçons était bien plus faible que celui des filles au début du programme. Dans les deux cas, les programmes de transfert monétaire conditionnel (TMC) ont eu un impact plus important pour les garçons que pour les filles. Les programmes qui parviennent à augmenter la participation scolaire globale ont donc tendance à bénéficier davantage au genre le plus défavorisé, probablement parce que les élèves les plus marginalisés sont particulièrement sensibles au coût et aux avantages perçus de l’éducation.
Il existe moins de données disponibles sur les programmes qui se concentrent sur les obstacles spécifiques à un genre, comme les menstruations. Les responsables politiques mentionnent parfois les obstacles culturels qui sont spécifiques aux filles, comme leur mobilité restreinte pendant les règles, comme limitant leurs performances scolaires. Cependant, jusqu’à présent, peu d’évaluations aléatoires se sont intéressées à la lutte contre ce genre d’obstacles. Une évaluation toutefois étudie l’impact d’un programme visant à réduire les restrictions à la mobilité des filles pendant leurs règles. Le programme en question, mis en œuvre au Népal, cherchait à améliorer l’assiduité des filles de cinquième et de quatrième en leur fournissant des protections hygiéniques [20]. Les chercheurs ont constaté que, en moyenne, les règles ne constituaient pas un obstacle majeur : les filles ne manquaient ainsi que 0,4 jour d’école à cause de leurs règles sur une année scolaire de 180 jours. Bien que les collégiennes aient déclaré apprécier le produit, celui-ci n’a pas permis de réduire le léger écart entre l’assiduité des filles et des garçons. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre l’effet des obstacles spécifiques aux filles sur leur scolarisation et leur assiduité.