L’accès aux ressources productives est l’un des meilleurs moyens pour sortir de la pauvreté. Cependant, la plupart des personnes pauvres ne disposent pas du capital nécessaire pour investir dans la formation supérieure, les biens de consommation courante ou une activité économique. Élargir l’accès au crédit est un moyen couramment utilisé pour permettre la participation à l’économie et l’hypothèse couramment admise est que ce faisant, on améliore la situation des entrepreneurs et des petits commerçants. Cependant, le consensus est moins unanime lorsqu’il s’agit de savoir si un meilleur accès au crédit à la consommation permet d’aider les emprunteurs, notamment lorsque les prêts sont consentis à des taux d’intérêt plus élevés à ces consommateurs plus risqués.
La pauvreté est très répandue en Afrique du Sud ; en 2001, environ 57 % de la population sud-africaine vivait en dessous du seuil de pauvreté.1 De nombreuses zones défavorisées pourraient potentiellement bénéficier d’un meilleur accès au crédit, ce qui aiderait les ménages à accéder aux biens de consommation courante. Or, les individus les plus pauvres sont peu solvables et/ou ne disposent pas des garanties nécessaires pour emprunter à des institutions traditionnelles, comme les banques de commerce. Ce sont donc les prêteurs qui dominent ce marché informel et les taux d’intérêts qu'ils pratiquent s’établissent en général aux alentours de 30 à 100 % par mois.
Le prêteur avec lequel nous avons travaillé est établi en Afrique du Sud depuis plus de 20 ans ; il s’agit de l’institution de microcrédit la plus importante et la plus rentable d’Afrique du Sud. Cette institution propose des prêts modiques, à des taux d’intérêts élevés, sur une période courte ; ces prêts sont souvent proposés aux travailleurs pauvres ne disposant d’aucune garantie, et les remboursements doivent être effectués selon un programme prédéfini.
L’intervention étudie l’impact direct de prêts modiques sur la consommation des ménages, sur leurs investissements, leur santé, leur éducation, leur patrimoine et leur bien-être. L’échantillon est composé de 787 personnes dont les demandes d’emprunt avaient été rejetées par le prêteur pour défaut de solvabilité. Les demandeurs étaient éligibles si, en dépit du rejet de leur demande, ils n'étaient pas considérés comme exagérément non solvables par les responsables chargés d’étudier les dossiers de prêt.