L’impact des écoles de village : résultats d’une évaluation aléatoire en Afghanistan
- Primary schools
- Students
- Rural population
- Women and girls
- Enrollment and attendance
- Student learning
- School choice
- School-based inputs
Policy issue
Malgré les appels en faveur de l'éducation primaire universelle et pour la fin des disparités entre sexes dans l’éducation, les pays en voie de développement ont encore de grands progrès à faire avant d’atteindre ces objectifs. En 2006, 73 millions d’enfants en âge d’être scolarisés n’étaient pas inscrits à l’école primaire et 55% de ces enfants étaient des filles. L'amélioration des pays pour éliminer l’inégalité des sexes à l’école primaire est mitigée : sur les 113 pays qui n’ont pas atteint les objectifs préliminaires des OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement) en matière d’égalité des sexes en 2005, seuls 18 sont considérés comme étant sur la voie pour les atteindre en 2015. Les pays d’Afrique subsaharienne, d’Océanie et d’Asie de l’Ouest sont parmi les plus mauvais élèves. C'est en Asie occidentale que se situe la présente étude.
Les défis de l’éducation sont particulièrement aigus dans les zones rurales: à l’échelle mondiale, 25% des enfants de ces zones ne vont pas à l’école, contre 16% pour les enfants en zone urbaine. Un défi majeur est de déterminer si ces chiffres révèlent un nombre insuffisant d’écoles ou un manque de demande de scolarisation. Les établissements scolaires sont souvent rares dans les zones rurales. Même quand ils sont accessibles, les enfants peuvent avoir de longue distance à parcourir à pied pour les rejoindre, ce qui peut avoir un fort effet dissuasif pour les filles pour des raisons de sécurité – ajoutant encore à l’inégalité des sexes. En introduisant ce projet en Asie, où l’inégalité des sexes dans l’éducation, à la campagne, est très répandue, l’étude s’est concentrée sur un seul défi majeur de l'offre: la proximité des écoles.
Context of the evaluation
Les infrastructures d’enseignement en Afghanistan n’ont jamais été très nombreuses, mais le système qui existait dans les années 70 a été paralysé par des décennies de guerre. De plus, les talibans, qui gouvernaient le pays de 1996 à fin 2001, étaient très opposés à l’éducation des filles et des femmes, ils ont considérablement entravé l’égalité des sexes en la matière. En 2007, seule la moitié des enfants en âge d’être scolarisés étaient inscrits à l’école et parmi ceux en âge d’être scolarisés en primaire, seuls 37% allaient réellement à l’école. Parmi ces élèves, les garçons accumulent en moyenne 11 années d’école et les filles seulement 4. Elles ne représentent que le tiers de la population scolaire inscrite.
Un des défis majeurs pour le gouvernement afghan est de fournir des services éducatifs en zones rurales. Les distances entre les villages peuvent être grandes et les trajets, dangereux – particulièrement pour les jeunes enfants et les filles. Ceci est tout à fait le cas dans la province rurale de Ghor, cadre de cette étude, où seuls 29% de la population vit dans une zone située à 5 km d’une école primaire. Parmi les enfants de 6 à 13 ans, seuls 28% sont inscrits à l’école et le fossé entre les sexes est de 17%, avec 35% de garçons et 18% de filles présents à l’école. Il faut noter que pendant la durée de cette étude, cette partie de l’Afghanistan n’était pas touchée par la guerre en cours, ce qui signifie que le faible taux d’inscriptions des filles n’était pas lié au fait que les familles vivaient dans une zone de conflits.
Details of the intervention
Le Partnership for Advancing Community-based Education in Afghanistan (PACE-A) est un programme sur 5 ans financé par USAID, dont l'objectif est d'élargir les possibilités de scolarisation des enfants, notamment des filles, dans les zones d’Afghanistan où l'accès à l’école publique est déficient. Le programme PACE-A est conçu pour diminuer les distances que les enfants ont à parcourir pour aller à l’école en installant des écoles directement dans les villages où vivent les enfants. Dans le cadre de ce programme, la communauté fournit l’espace pour l’école et PACE-A les fournitures scolaires – crayons, cahiers, livres et matériel d’enseignement – ainsi qu’une formation pour les enseignants. Les enseignants reçoivent la formation du Programme d’Enseignement des Professeurs du Ministère de l’Education Afghan (TEP) afin d'intégrer les diplômes d’enseignement des professeurs des écoles communautaires dans le système du Ministère de l’Education. Dans les classes, les élèves reçoivent les mêmes cours que ceux de l’école publique.
L’impact de la proximité des écoles sur les résultats scolaires a été mesuré par une évaluation aléatoire de PACE-A. Sur un échantillon de 31 villages dans deux districts du nord-ouest de l’Afghanistan, 13 villages ont été aléatoirement choisis pour recevoir des écoles communautaires une année avant que tout l’échantillon ne bénéficie à son tour des écoles. Cette approche par étapes a permis l’estimation des impacts d’une année de mise en place d’écoles communautaires sur l’assiduité et les connaissances en mathématiques et la langue locale, le dari. Cette expérimentation préalable a également créé une variation aléatoire sur la distance que les enfants devaient parcourir pour aller à l’école, fournissant la possibilité de mesurer les causes à effet de la distance sur la présence scolaire et les résultats aux contrôles. Les résultats ont été évalués par un court examen sur les compétences en mathématiques et en langue, à partir de questions extraites des livres scolaires du gouvernement afghan.
Results and policy lessons
Inscriptions et résultats scolaires : la présence d’une école communautaire augmente dans l’ensemble l’inscription dans les écoles publiques de 42% et augmente les résultats aux contrôles d’un écart-type de 0,5. Les élèves des écoles communautaires ont une amélioration de leurs résultats d’un écart-type de 1,2. La distance se révèle particulièrement importante sur le taux d'inscription avec, pour chaque mile (1.6 km) supplémentaire que les enfants ont à parcourir pour atteindre l’école, un taux d’inscription qui baisse de 16 points de pourcentage et des résultats aux contrôles qui chutent d’un écart type de 0,19.
Avantages pour les filles : ils sont particulièrement importants pour les filles. Leur taux d’inscription augmente de 16.8 points de pourcentage supplémentaires par rapport à ceux des garçons et dans l’ensemble la moyenne de leurs résultats aux contrôles est également d’un écart-type de 0,25 supplémentaire. Les effets sur les résultats scolaires pour les filles sont les mêmes que pour les garçons, il semble que le nombre plus élevé des inscriptions est ce qui influe le plus sur les résultats.
Les filles sont aussi plus sensibles à la distance que les garçons. Le taux d’inscription des filles chute de 19 points de pourcentage pour chaque mile additionnel alors que celui des garçons chute seulement de 13 points de pourcentage. D’une manière similaire, les résultats aux contrôles des filles baissent d’un écart-type de 0.24 pour chaque mile supplémentaire et ceux des garçons de 0.15. L'effet net de ces impacts inégaux est que, dans le groupe test, la différence des taux d’inscriptions entre les garçons et les filles est presque éliminée, passant de 21 à 4% et que l'écart des résultats scolaires est réduit d’un tiers au bout d'un an seulement.
Cette étude montre que la proximité géographique a des effets spectaculaires sur la présence des enfants et sur leurs performances scolaires. Il s'agit d'une source potentielle immense pour réduire les inégalités entre les sexes en zone rurale.