Évaluer le programme Épargne pour le changement au Mali

Researchers:
Bram Thuysbaert
Location:
Region of Segou, Mali
Sample:
500 villages, 6 000 ménages
Chronologie:
2008 - 2011
Target group:
  • Women and girls
Outcome of interest:
  • Women’s/girls’ decision-making
  • Asset ownership
  • Savings/deposits
  • Take-up of program/social service/healthy behavior
Intervention type:
  • Credit
  • Risk mitigation
  • Savings
  • Training
AEA RCT registration number:
AEARCTR-0000102
Partners:

Policy issue

Les méthodes traditionnelles d’épargne locale, comme les associations rotatives d’épargne et de crédit (appelées tontines au Mali) permettent de pallier un accès limité aux services financiers dans les villages ruraux. Cependant, ces associations, qu'on peut trouver dans de nombreux villages d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, sont souvent mal organisées et manquent de transparence ; de plus, les fonds qu'elles rassemblent sont fréquemment détournés. D’autre part, les tontines n’offrent pas la possibilité d’emprunter à volonté : en effet, à chaque réunion, chaque membre dépose de l’argent dans la caisse commune, mais un seul, désigné par tirage au sort, est autorisé à garder le montant réuni.

Les groupes d’épargne communautaires visent à dépasser les problèmes inhérents au modèle des tontines en créant des groupes où les membres peuvent mettre en commun leurs économies, de manière à disposer d’une source de crédit. Les membres déposent tout ou partie de leur épargne dans la caisse, et ils peuvent également emprunter. Ces groupes d’épargne se maintiennent et se reproduisent d’eux-mêmes, ce qui peut leur permettre d’atteindre des zones plus isolées. Leur impact reste toutefois à mesurer.

Context of the evaluation

Dans la région rurale de Ségou, au Mali, l’économie s’appuie principalement sur une agriculture vivrière, avec une présence faible d’activités commerciales et de pêche. Les ménages utilisent les principaux produits agricoles tels que le millet, le sorgho, le riz ou le maïs, comme première source d’alimentation et de revenus. Faute de moyens financiers suffisants, les femmes peinent à embaucher ou à acheter des intrants agricoles pour cultiver des céréales. En conséquence, leurs activités économiques consistent principalement à produire des arachides, du beurre de karité et des produits maraîchers. Certaines femmes sont membres de tontines. Cependant, ces associations ne proposent pas de services de crédit. C’est pourquoi de nouveaux programmes tels que celui d’Épargne pour le changement, parrainé par Oxfam America et Freedom from Hunger, sont actuellement introduits dans la région.

women in Mali discuss survey questions with an enumerator
Women respond to survey questions in Mali.
Photo: Nicoló Tomaselli | J-PAL/IPA

Details of the intervention

L’Épargne pour le changement est une nouvelle forme de programme d’épargne communautaire composé de groupes d’épargne et de crédit autogérés, qui reçoivent des sessions de formation. 500 villages maliens de la région de Ségou ont été sélectionnés pour participer à l’évaluation. Le programme est proposé à un échantillon composé de la moitié des villages, sélectionnés aléatoirement. Des agents de terrain des ONG partenaires présentent le programme aux chefs de village, et dispensent des formations sur la façon de gérer les réunions à des groupes autosélectionnés composés d’environ 20 femmes chacun. Les membres des groupes déposent une certaine somme dans la caisse d’épargne commune chaque semaine, et peuvent bénéficier de prêts à court terme. Les prêts sont assortis d’intérêts : ainsi, la caisse commune accumule du capital à partir non seulement des contributions hebdomadaires, mais aussi du paiement des intérêts. Après une période prédéterminée, les membres se partagent l’argent de la caisse commune au prorata de leurs contributions hebdomadaires.

Pendant un an environ, un agent de terrain fournit une assistance technique aux groupes nouvellement formés. L’agent rend visite au groupe une fois par semaine au cours des trois premiers mois, puis une fois tous les quinze jours pendant les trois mois suivants. Ils dispensent alors aussi des informations sur le paludisme, les réunions étant également l’occasion de sessions de formation et d’échanges sur les problèmes rencontrés par la communauté. Pendant les six derniers mois de formation, l’agent de terrain ne supervise les groupes qu'une fois par mois. Un système de suivi basé sur la mémoire et la communication orale a été élaboré pour garantir la transparence et une gestion autonome des réunions de groupe.

Former les membres désireux de créer eux-mêmes de nouveaux groupes d’Épargne pour le changement permet d’accélérer le développement du programme. Pour tester l’efficacité de différentes stratégies de mise en œuvre, deux méthodes de formation des nouveaux agents ont été testées. Dans certains villages, sélectionnés aléatoirement, les agents de terrain remettent aux nouveaux un manuel illustré, et leur dispensent une formation de trois jours sur la création et la gestion des groupes. Dans les autres villages, les nouveaux agents ne reçoivent aucune formation, ce qui réduit le coût du programme.

Results and policy lessons

Expérimentation toujours en cours.

Beaman, Lori, Dean Karlan, and Bram Thusybaert. "Saving for a (Not So) Rainy Day: A Randomized Evaluation of Savings Groups in Mali." NBER Working Paper No. 20600, October 2014.