Des bons de réduction pour accéder à une école privée, en Colombie
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Policy issue
Dans de nombreux pays, le revenu par habitant peut être un indicateur important de la qualité de l’enseignement public. Ceci peut avoir des conséquences significatives dans les pays en développement, où le niveau de revenu est plutôt faible, et donc, les ressources éducatives limitées. Les écoles privées ayant tendance à fonctionner mieux que les écoles publiques dans les pays à faible revenu, les Etats ont été incités à expérimenter des programmes donnant aux pauvres un accès aux écoles privées, souvent par le biais de bon de réduction. On sait peu de choses sur les effets de ces incitations.
Context of the evaluation
En Colombie, de nombreuses personnes ont un faible niveau d’études. Pourtant l'école publique est très répandue et 78 % des enfants pauvres en âge d’être scolarisés y sont inscrits. Mais, en 1993, seuls 55 % de ces élèves poursuivaient ensuite dans le secondaire.
Le gouvernement a mis en place le Programme d’élargissement de l’accès au cycle secondaire (PACES), un des plus vastes programmes de bons de réduction à ce jour, offrant à plus de 125 000 élèves, issus des quartiers pauvres urbains, des bons couvrant plus de la moitié du coût de la scolarité secondaire dans une école privée.
Les bons PACES s’élevaient seulement à 190 $ lors de l’enquête, ce qui correspondait au départ à la moyenne des frais de scolarité des écoles privées à faible ou moyen coût, dans les plus grandes villes de Colombie. Mais le montant de ces bons n’ayant pas suivi l’inflation, en 1998, les bénéficiaires payaient pour l’école privée environ 340 $, contre seulement 58 $ pour l’école publique. Les écoles privées participantes avaient tendance à prendre en charge des élèves ayant de plus faible revenu et à avoir des frais de scolarités plus bas que les écoles privées non participantes. Les écoles avec une formation professionnelle étaient également surreprésentées dans le programme. Les ratios élèves/professeurs et les équipements étaient similaires dans les écoles publiques et privées participantes, et de nombreux enseignants des écoles privées PACES étaient des enseignants retraités de l’école publique.
Details of the intervention
Etant donné que la demande de bons PACES excédait l’offre, l’éligibilité a été déterminée par une loterie, créant une expérimentation naturelle pour étudier l’impact du choix de l’école sur les résultats, scolaires ou autres. Les données de l’enquête ont été recueillies en 1998 auprès de 1 600 candidats issus de trois cohortes pour la plupart de Bogota, trois ans après qu’ils aient commencé le cycle secondaire. Le tirage au sort a été organisé de manière à ce qu'une moitié des candidats gagnent à la loterie et que l'autre moitié perde. Ceci implique que la moitié des étudiants enquêtés ont eu la possibilité d’aller dans une école privée secondaire. Les enquêtes ont été menées par téléphone, le groupe des gagnants et celui des perdants avaient le même accès au téléphone, tout comme ils étaient statistiquement similaires en terme d’âge et de sexe. Les enquêtes ont portées sur la scolarité antérieure, le taux d’abandon, le temps passé à l’école, les autres investissements financiers en matière d'éducation et sur le choix du public ou du privé pour l’école secondaire.
Results and policy lessons
Impact sur les effets économiques: l’analyse des effets économiques de la scolarité supplémentaire effectuée par les gagnants après trois années de participation au programme tend à montrer que l’augmentation des revenus est largement supérieure aux frais de scolarité engagés par les familles et le gouvernement. Le salaire annuel des parents de notre échantillon était d’environ 2 400 $ par travailleur, ayant une scolarité moyenne de 5,9 années. Puisqu’en moyenne les participants PACES avaient déjà achevé 7,5 années d'école et y étaient encore au moment de l’enquête, on peut supposer que leurs salaires seront de 3 000 $, même pour ceux n'ayant pas choisi l’école privée. Si le fait d'avoir des meilleurs résultats scolaires a la même incidence que le niveau d’études, les gagnants de la loterie peuvent s’attendre à gagner entre 36 et 300 $ de plus par an, pour un salaire estimé à 3 300 $. Décomptés tout au long de la vie professionnelle des participants, ces gains de salaires l’emportent facilement sur les sommes engagées pour le gouvernement et par les familles, coût estimé à environ 195 $ par gagnant à la loterie.
Effets à long terme: Plus tard, en 2005, les chercheurs ont étudié les registres administratifs des inscriptions et des résultats à l’examen d’entrée des universités publiques. Les gagnants de la loterie ont plus souvent réussi cet examen, un bon présage pour la suite, puisque 90 % des étudiants obtiennent leur diplôme d'enseignement supérieur. Dans l’échantillon des bénéficiaires des bons de réduction, environ 20 % des étudiants ont réussi l’examen de fin d'études secondaires et les bons ont augmenté le taux d’inscription aux examens d’environ 7 points de pourcentage. Alors que les résultats aux examens montrent que les bons de réduction ont plus d’effets positifs que simplement réduire le redoublement, aucune conclusion définitive n’a pu être tirée sur les effets à long terme de l’école privée sur les résultats aux examens.