Club recherche d'emploi: accompagnement collectif pour les jeunes défavorisés à la recherche d'emploi, en France
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Policy issue
Lorsqu’ils cherchent un emploi, les jeunes des zones urbaines défavorisées sont confrontés à un certain nombre de barrières psychologiques et sociales. Le fait de vivre dans des zones où le taux de chômage est élevé peut contribuer à réduire leurs efforts de recherche d’emploi dans la mesure où le chômage est perçu comme la norme plutôt que comme une exception. De plus, certains de ces jeunes ne disposent pas d’un réseau social susceptible de leur fournir des informations sur d’éventuelles offres d’emploi, de les mettre en contact avec des employeurs potentiels ou encore de les aider à développer une compréhension réaliste des attentes que peuvent avoir les employeurs.
Beaucoup de programmes d’aide à la recherche d’emploi reposent sur des entretiens individuels avec un conseiller chargé du cas. Cependant, un programme d’accompagnement collectif pourrait améliorer l’accès à l’information et la motivation des demandeurs d’emploi, dans la mesure où ce type d’accompagnement encouragerait le partage d’informations et d’expériences entre les participants, leur offrirait un espace pour développer leur réseau et contribuerait à intensifier leurs efforts de recherche d’emploi grâce à l’émulation et au soutien générés par le groupe. L’accompagnement collectif est-il une stratégie efficace pour aider les jeunes défavorisés à trouver un emploi ?
Context of the evaluation
En France, plus de 40% des jeunes qui vivent dans des zones urbaines défavorisées sont au chômage, soit deux fois plus que le taux de chômage des jeunes au niveau national. Pour faire face à un nombre croissant d’inscrits, Pôle Emploi a pris le parti de concentrer ses efforts sur les populations les plus vulnérables et a donc mis en place un programme d’accompagnement collectif qui s’adresse aux jeunes défavorisés. En 2012, l’organisme a décidé d’étendre ce programme à 30 agences de placement dans 15 régions et d’en mesurer rigoureusement l’impact sur la compréhension du marché du travail chez les demandeurs d’emploi et sur la situation professionnelle de ces derniers.
Details of the intervention
Les chercheurs de J-PAL se sont associés à Pôle Emploi pour évaluer l’efficacité d’un programme d’accompagnement collectif à la recherche d’emploi mis en place dans 30 agences de placement. Le programme ciblait les jeunes de moins de trente ans vivant dans des zones urbaines défavorisées. Pour avoir le droit de participer, ces jeunes devaient avoir défini des objectifs de recherche d’emploi, posséder la formation et les compétences adéquates, être disponibles pour commencer le programme immédiatement et exprimer leur motivation à l’idée de participer à un programme d’accompagnement intensif.
À partir d’un échantillon de 3 606 demandeurs d’emploi, les chercheurs ont créé des binômes de demandeurs d’emploi similaires en se fondant sur un ensemble de caractéristiques observables. Chaque membre d’un binôme a ensuite été affecté de façon aléatoire au groupe bénéficiant de l’intervention (le groupe test) ou au groupe témoin.
Les participants du groupe test ont rejoint un « club » de recherche d’emploi géré par l’agence publique pour l’emploi de leur région. Chaque club comptait 10 à 14 participants et un conseiller, qui se sont réunis deux à quatre fois par semaine pendant trois mois. Au cours de cette période, les conseillers ont aidé les demandeurs d’emploi à comprendre les attentes des employeurs, les ont encouragés à postuler à des offres d’emploi et les ont aidés à se préparer aux entretiens. Les membres du groupe se sont encouragés mutuellement à chercher du travail, se sont donné des conseils et ont échangé des informations sur les offres d’emploi.
Les demandeurs d’emploi du groupe témoin ont suivi le programme d’accompagnement ordinaire, assuré par un opérateur privé : des entretiens individuels avec un conseiller, une fois par semaine pendant trois mois.
Les chercheurs ont eu recours à deux enquêtes, mises en œuvre respectivement deux et six mois après la randomisation, pour comprendre les attentes des demandeurs d’emploi et leurs efforts de recherche d’emploi. Ils ont par ailleurs collecté des données administratives sur les antécédents professionnels des demandeurs d’emploi ainsi que sur leur situation professionnelle suite à l’intervention.
Results and policy lessons
L’accompagnement collectif s’est avéré plus efficace que l’accompagnement individuel pour aider les jeunes à trouver un emploi stable à plein temps. Il a été particulièrement efficace chez les demandeurs d’emploi qui avaient de meilleures perspectives d’emploi avant le début de l’intervention, et parmi les groupes dont les participants avaient des perspectives d’emploi similaires.
Le taux de participation au programme a été relativement élevé.
90% des jeunes affectés au groupe test ont effectivement intégré un club de recherche d’emploi, tandis que 80% des jeunes assignés au groupe témoin ont intégré un programme d’accompagnement individuel à la recherche d’emploi. En moyenne, les demandeurs d’emploi des deux groupes avaient fait plus d’études et connu des périodes de chômage à la fois plus courtes et moins nombreuses que les jeunes qui ne se sont pas inscrits.
Les conseillers du programme d’accompagnement collectif se sont avérés plus efficaces pour aider les demandeurs d’emploi à identifier les offres et à y postuler.
Deux mois après leur affectation aléatoire, les jeunes du groupe test avaient soumis deux fois plus de candidatures professionnelles avec l’aide de leur conseiller que les jeunes du groupe témoin. Ils avaient aussi reçu deux fois plus de demandes d’entretien par l’intermédiaire de leur conseiller. Les jeunes du groupe test étaient également plus optimistes que ceux du groupe témoin quant à leurs chances de trouver un emploi et avaient des attentes plus élevées concernant l'obtention de contrats de plus longue durée.
À court terme, l’accompagnement collectif s’est avéré plus efficace pour aider les jeunes à trouver un emploi.
33% des demandeurs d’emploi affectés au programme d’accompagnement collectif avaient un emploi deux mois après la randomisation, contre 26% du groupe témoin. Cet effet est lié au fait que les jeunes du groupe test ont été plus nombreux à intégrer un emploi subventionné. De plus, les jeunes du groupe test avaient plus de chances que ceux du groupe témoin de trouver un emploi à plein temps et de plus de six mois.
Ces effets se sont maintenus sur le long terme, mais ont diminué en intensité.
Six mois après leur affectation aléatoire, 56% des jeunes affectés au groupe test avaient un emploi, contre 52% du groupe témoin. L’impact était plus prononcé chez les participants dont les perspectives d’emploi étaient les meilleures avant le programme.
L’accompagnement collectif s’est également avéré plus efficace lorsque les participants d’un même groupe avaient des perspectives d’emploi similaires.
Chez les demandeurs d’emploi masculins, le programme a obtenu de meilleurs résultats lorsque les membres du groupe avaient des perspectives d’emploi similaires, et plus particulièrement lorsque la majorité des participants du groupe avait peu de chances de trouver un emploi avant le début du programme.